En Europe, depuis de nombreuses années, le producteur principal est la Serbie, en concurrence directe avec la Pologne qui lui a ravi sa première place en 2013. La Bulgarie est la troisième force en lice sur ce marché, mais avec des volumes nettement inférieurs. Nos superficies de production représentent environ 1300 hectares, c’est-à-dire 10 à 15 fois moins que chez nos concurrents, reconnait Bojidar Petkov, président de la toute récente Association des producteurs bulgares de framboises et membre du conseil de l’Organisation internationale de la framboise. Notre production annuelle est de 6500 à 8000 tonnes. Mais la Bulgarie peut profiter de la conjoncture actuelle sur les marchés mondiaux qui depuis quelques années souffrent d’un déficit de ces fruits ô combien savoureux mais très périssables.

« La Bulgarie a actuellement un certain avantage sur la Serbie, car là-bas, près de 80 % des framboises sont produites sur des parcelles non irriguées. Or les dernières périodes de fortes chaleurs et de sécheresse observées en 2012 et 2013 ont entraîné une baisse très nette du rendement moyen. A tel point que la Serbie a épuisé les stocks de ses entrepôts frigorifiques et l’on enregistre maintenant une pénurie sur le marché européen. Les prix, eux, n’ont cessé d’augmenter. Sur le marché international, c’est le Chili qui fait habituellement le contrepoids en comblant les déficits momentanés à la fois en Amérique et en Europe. Mais au cours des deux dernières années,  on y a connu également des problèmes de rendement. Dans la situation actuelle, la Bulgarie a une chance unique de renforcer sa position dans le trio de tête des producteurs de framboises en Europe aux côtés de la  Pologne et de la Serbie. Dans la région de Loznitsa, Popovo et Veliki Preslav, presque toutes les parcelles sont irriguées ce qui a conduit à l’émergence d’un nouveau site de production. »

Selon Bojidar Petkov, du fait des changements climatiques, l’avenir de la culture de la framboise sera conditionné par l’irrigation. Les prix attrayants de ces deux dernières années incitent déjà un certain nombre d’agriculteurs à se tourner vers ce fruit fragile. Mais ils se heurtent à un défi de taille – la pénurie de main d’œuvre saisonnière pour la cueillette.

« Dans certaines régions, on trouve de grandes  superficies de 10 à 30 hectares qui pourraient être orientées vers la production de framboises mais le manque de main d’œuvre est un frein à ce développement, explique l’agriculteur. Les jeunes qui cherchent du travail partent pour la cueillette de fruits à l’étranger où les salaires versés sont plus élevés. Les chômeurs, quant à eux, hésitent pour la plupart à se présenter pour ne pas perdre leurs allocations pour deux ou trois mois de travail, même bien payés. »

« Soit nous devrons nous aussi « importer » des cueilleurs, soit nous devrons utiliser des machines agricoles, plaisante Bojidar Petkov. Ce serait dommage, car les framboises peuvent  assurer un emploi saisonnier à 45 000 personnes, ce qui est loin d’être négligeable », ajoute-t-il.