A la veille du mois du Ramadan, la mosquée de Kardjali a ouvert ses portes à un événement exceptionnel : une présentation multimédia sur le thème « L’architecture ottomane en Bulgarie : lieux de cultes musulmans et judaïques ». Le séminaire ouvert au public a été organisé par l’association Mouvement artistique « Krug » et le Siège régional du Grand Mufti, dans le cadre de l’initiative « Ville multiculturelle », que la municipalité organise tous les ans du 21 mai au 10 juin. L’intervention de la présidente de l’association Radost Nikolaéva était basée sur des documents d’archives et des recherches d’historiens, qui ont exploré plus de vingt mosquées et plusieurs synagogues, dont la plupart en ruines.
Rappelons que la présence juive sur le territoire de la Bulgarie actuelle date de l’Antiquité, comme le montre le site archéologique près de l’église « Saint Petka » à Plovdiv, où l’on a découvert une mosaïque datant des 3e-4e siècle après JC.Dans le public, les élèves de l’école secondaire du village turc Entchets ont pu se familiariser aux usages religieux des temples des deux religions, leurs ressemblances et leurs différences. Parmi les auditeurs, il y avait aussi le Grand Mufti de la région Beïhan Mehmed.
Radost Nikolaéva a présenté les exemples les plus impressionnants d’architecture ottomane, dont certains sont l’œuvre du grand architecte Mimar Sinan (1489-1588). Parmi eux : la mosquée Tombul à Choumen, la mosquée Djumaïa à Plovdiv ou celle d’Osman Pazvantoglu à Vidin. Le public a pu voir aussi des tékés bektachi, des ponts et des bâtiments publics datant de la grande époque de construction dans cette partie de l’empire. L’intervenante a mis l’accent sur la tradition millénaire de conversion d’un lieu de culte dans un autre et comment certains ont pu se transformer selon les époque de sites thraces en églises de l'antiquité tardive, plus tard en églises du Haut Moyen âge, ensuite en mosquées et parfois de nouveau en églises.
Depuis 12 ans, le mouvement artistique "Krug" s’est imposé comme un véritable médiateur entre les différentes communautés religieuses et culturelles à Kardjali. Radost Nikolaéva, nous a parlé du travail de l’association sur la mémoire turque et juive de la ville et sa région.
"Cela fait longtemps que nous recueillons des documents et des photos pour entretenir la mémoire familiale turque à Kardjali. Nous contactons aussi des descendants de familles qui vivent à l’étranger, la plupart en Turquie. En 2011 nous avons démarré un nouveau projet sur l’architecture des lieux saints dans la période ottomane, dans l’objectif de pouvoir les présenter de manière communicative et ludique au plus large public. Pour nous c’était très intéressant. L’histoire de la construction de ces temples nous apprend à quel point les cultures se sont influencées les unes les autres. Par exemple, à la construction des mosquées participaient des bâtisseurs et peintres bulgares. Mais ce qui est nouveau, c’est que pour la première fois, nous avons eu l’audace de faire une présentation sur une religion autre que l’islam dans une mosquée et nous avons reçu le soutien du Grand mufti de la région".
C’est peu connu, mais Kardjali comptait aussi une communauté de Juifs séfarades, venus au cours du 19e siècle des grandes villes ottomanes. Malheureusement, la synagogue qui a été construite en 1924 a brulé dans les années cinquante. Une plaque commémorative avec une esquisse qui reproduit la synagogue a été placée sur le lieu.
Les expositions du Mouvement artistique "Krug" sont aussi le résultat de la collaboration avec l’Organisation des juifs de Bulgarie « Shalom ». C’est eux qui ont offert à Radost Nikolaéva les mémoires d’Esther Niégo, née à Kardjali en 1935, qui vit actuellement en Israël. Zafer Galibov qui est un de nos plus grands photographes a offert un autre cadeau : un disque avec des photos de synagogues et d’artefacts de synagogues en ruines. Lui-même est originaire de Vidin, de mère juive et de père turc. La communauté juive de Kardjali a quitté la ville en une seule nuit en 1949 pour rejoindre en bateau Israël.
Radost confie que les jeunes de Kardjali participent avec enthousiasme aux événements artistiques organisés par l’association. Ils font de la peinture, de la photo, chantent et ce n’est pas pour reproduire des clichés sur le multiculturalisme.
"Je ne suis pas adepte des bavardages sur la tolérance. La tolérance ce n’est pas suffisant. C’est une rhétorique qui est simplement une sorte de courtoisie culturelle, une sorte de distanciation, et même une manifestation d’indifférence. La question c’est comment encourager tous les acteurs à utiliser les ressources multiculturelles dont ils disposent déjà pour créer de nouveaux codes culturels et une nouvelle conscience citoyenne. J’aime donner l’exemple des villes telles qu’Edirne et Palerme. J’aimerais que Kardjali leur ressemble, car cette ville porte un esprit méditerranéen".
Version française : Miladina Monova
Crédit photos : Miladina Monova et BGNES
A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, proclamée le 25 novembre 1999 par l'Organisation des nations unies, l'ONG "Mobilisation féministe" a appelé à une manifestation devant le Palais de Justice à..
Après le succès du festival "Les enfants de la rivière" en septembre, une fondation citoyenne organise à nouveau un événement en partenariat avec la Ville de Plovdiv. Il s'agit d'une exposition de dessins d'enfants, inspirés par la nature. Les..
De nouvelles masses d’air froid traverseront le pays. Les températures matinales seront comprises entre -3° et 2°C, -2 degrés à Sofia. Les valeurs maximales varieront entre 1° et 6°C. A Sofia, il fera 1 degré au meilleur de la journée...
Les habitants de Pléven sont heureux de l'ouverture de leur Marché de Noël, prévue le 2 décembre, avec l'illumination de leur grand sapin, place de la..
Pour la 12e année consécutive, la Banque alimentaire organise une campagne de collecte de dons en faveur des personnes démunies, espérant récolter entre 4..