L’année 2022 a divisé la société sur la date du 9 mai, célébrée jusqu’ici comme la Journée de l’Europe et celle de la victoire sur le nazisme. Journée de l’Europe, associée à la création de l’Union européenne, mais aussi Journée de victoire sur le nazisme, avec la capitulation dans la nuit du 8 au 9 mai 1945 de l’Allemagne, mettant un terme à la Deuxième guerre mondiale. Sauf que dans le contexte de la guerre en Ukraine, les commémorations en grande pompe du 9 Mai en Russie sont pour Vladimir Poutine l'occasion de réaffirmer sa puissance militaire, alors que la guerre en Ukraine s'enlise sans victoire marquante. Et pourtant, selon les politologues, les deux évènements sont tout aussi importants qu’ils ne doivent pas donner l’occasion de nouvelles divisions et polémiques.

Parvan Siméonov et Strahil Déliiski ont donné leur opinion à l’agence de presse bulgare BTA.

“Il faut cesser de politiser les évènements du passé", indique Parvan Siméonov, qui estime qu’en ce 9 mai nous devons dissocier la page de l’histoire de son interprétation politique et idéologique. – "Ne projetons pas la politique d’aujourd’hui sur le passé. Il faut apporter quelques nuances à ce qui fût. “

Toujours selon Parvan Siméonov, les 8 et 9 mai sont la consécration de la victoire sur le nazisme, mais le 9 mai est aussi la Journée de l’Europe qui pèse de tout son poids dans l’histoire. „Ensemble, nous pouvons réfléchir sur le sujet – condamner l’agression de Poutine, d’une part, tout en reconnaissant que pour le bien ou le mal, en 1945, l’URSS, les USA et la Grande-Bretagne ont combattu ensemble le nazisme, d'autre part. La victoire sur le nazisme est un fait et la Bulgarie a participé à la deuxième phase de la guerre“. Selon Parvan Siméonov, il s’agit d’une forme de sagesse que nous devons adopter, surtout les politiques, qui nous gouvernent.

Selon le politologue, Strahil Déliiski, mis à part le contexte de la guerre en Ukraine, la Journée de l’Europe aurait été impensable sans la Journée de la victoire. Sauf qu’avec le conflit actuel, la date du 9 mai attisera, sans aucun doute, de nouvelles polémiques et réactions contrastées.

“La polarisation au sujet de la guerre en Ukraine est très sensible et de plus en plus exacerbée au sein de la société, même si les groupes d'opinions extrêmes ne sont pas majoritaires. D'accord, on les entend bien, car ils clament fort leur vérité, mais il suffit de consulter les sondages d’opinion pour découvrir que dans son ensemble, la majorité des Bulgares n’a pas besoin d’une telle polarisation pour s’identifier comme partie intégrante d’un des deux clans opposés.

Selon Déliiski, l’attitude traditionnelle à l’égard de la Russie n’est en aucun cas en conflit avec les visions et valeurs pro-européennes de la société bulgare. Rien n’empêche d’avoir des sympathies à l’égard de la Russie tout en se sentant Européen. Sauf la machine de la propagande se met en marche dès qu’il faut choisir entre les deux thèses…

Selon le politologue, la fracture sociale en Bulgarie est très profonde et ses origines doivent être recherchées dans les déséquilibres économiques. A partir de là, il suffit de peu pour transformer les inégalités sociales en divergences culturelles identitaires…

Edition : Darina Grigorova