Des larmes dans les yeux… Les larmes d’un gaillard de deux mètres – c’est ainsi que va retenir ce 20 mars 2014 la foule à Osaka, devant laquelle un sportif grand à tout point de vue a annoncé qu’il mettait fin à son activité de compétition dans le sumo professionnel. La fin d’une carrière et quelle carrière ! Celle de Kaloyan Mahlyanov, le Bulgare du village de Djulunitsa, près de Liaskovets, appelé Kotoōshū Katsunori – un nom que chaque Japonais connaît et respecte.
C’est comme ça, parce qu’au pays du Soleil-Levant le sumo n’est pas simplement un ancien type de lutte, vieux de 1 500 ans. Une ancienne légende japonaise raconte que l’origine même du peuple japonais est le résultat d’un combat de sumo. D’après elle les Japonais accèdent à la domination sur les Îles japonaises, quand la divinité Takemikazuchi triomphe du chef des adversaires dans un combat de sumo. C’est pourquoi les sumotoris de haut rang comme Kotoōshū sont considérés comme des demi-dieux et jouissent d’incroyables respect et estime.
Pour Kaloyan le conte de fées commence en 2002, quand durant l’Open d’Allemagne il est présenté au yokozuna Kotozakura – chef à cette époque de l’écurie Sadogatake. Le grand champion l’amène au Japon, où dès la même année le Bulgare fait ses débuts sous le pseudonyme de Kotoōshū sur le dohyō professionnel – le tapis circulaire en argile pour le sumo. Son physique athlétique et sa technique inhabituelle contribuent à des succès quasi-instantanés. En deux ans il monte dans la division supérieure makuuchi, qui regroupe les 42 meilleurs sumotoris. Kotoōshū fait ses débuts dans makuuchi après seulement 11 tournois, ce qui est un record dans le sumo professionnel.
En 2005 Kaloyan Mahlyanov se voit décerner le rang d’ōzeki – grand champion et devient le premier Européen et à peine le cinquième étranger dans l’histoire du sumo professionnel, à avoir atteint le prestigieux rang – deuxième dans la hiérarchie. En tout 6 sumotoris, nés hors du Japon ont atteint ce rang. Kotoōshū est aussi le premier Européen, ayant remporté la Coupe de l’empereur. Cela arrive en mai 2008, après des victoires contre les deux yokozunas – grands champions : Asashōryū et Hakuhō. Nous pouvons imaginer l’euphorie autour d’ōzeki Kotoōshū à ce moment-là et par la suite, et même jusqu’au jour d’aujourd’hui, quand il est descendu pour toujours du dohyō.
Au nom du potin mondain nous devons mentionner aussi l’amour défendu entre Kaloyan et la fragile Asako Ando. Cinq ans ils y gardent le secret, parce qu’il est interdit aux sumotoris de se montrer publiquement avec une femme, qui n’est pas officiellement leur fiancée ou leur épouse. Le corpulent Bulgare et la charmante Japonaise ont dû attendre qu’à l’écurie de Mahlyanov «Sadogatake » à Tokyo on annonce leurs fiançailles. Les reportages de la cérémonie sont entrés comme une information exceptionnelle dans l’actualité et ont enregistré des millions de visionnages sur Internet. Certainement par la suite le mariage le plus médiatisé le 14 février 2010 a été celui de monsieur Mahlyanov et de mademoiselle Ando.
Et maintenant Kaloyan reste lié au sumo et par conséquent au Japon. Il entamera prochainement une carrière d’entraîneur. Mais le prix à payer était sa nationalité bulgare, qu’il a dû sacrifier. Pourtant son passeport japonais n’en fait pas moins en Bulgare, considère-t-il. Et nous pouvons le croire !
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