La comédienne Névéna Kokanova représente la quintessence du meilleur du cinéma et du théâtre. C’est aussi quelqu’un qui avec la force de ses personnages a modelé l’imaginaire de générations de gens, pour faire ainsi partie de notre histoire personnelle. Elle a joué dans plus de cinquante films, pourtant elle aime dire que sa passion c’est le théâtre. La grande dame du cinéma bulgare a marqué tous les esprits avec ses rôles de femmes peu conventionnelles, aux personnalités complexes, et au charme unique. Elle était Irina, dans le classique « Tabac », Jane dans « L’inspecteur et la nuit », Liza dans « Le voleur de pêches », Tinka, dans « Le garçon s’en va ». Dans le monde du cinéma, comme dans celui du théâtre, les grands interprètes sont ceux qui restent naturels et qui ne perdent pas la tête, aveuglé par leur propre image, sous la lumière des projecteurs. Névéna Kokanova est de ceux-là et elle nous explique sa façon de traverser la gloire.
« Je n’ai jamais réussi à répondre à une des questions que l’on me pose souvent : quel est le rôle que vous avez envie de jouer ? Je réponds, sommairement, que j’imagine jouer un personnage complexe, contemporain, compliqué. Mais en cherchant une réponse pour moi-même, je réfléchis sur la figure de la femme. Je suis impressionnée par toute la richesse des personnages de femme et en les explorant j’ai l’impression de me rapprocher du moment de la Création. Cette femme, elle est à la fois création divine, personnage historique, mais aussi celle que nous avons rencontré aujourd’hui dans la rue. Elle est éternelle. C’est elle, l’éternelle, que je veux jouer. »
Parmi les grandes dames du cinéma bulgare, Névéna Kokanova est celle qui a su le plus incarnée la féminité absolue. En dehors de sa beauté singulière, elle reflète une sorte d’aura d’icone, composée de douceur, distinction réservée et pudeur. Ce n’est pas un hasard si au Festival de Cannes en 1963, après avoir regardé la première du film « Tabac », un journaliste suédois s’exclame : « N’êtes-vous pas d’accord que l’actrice principale est plus belle que Sofia Loren ! ».
Névéna est née dans la ville de Dupnitsa en 1938. Son père était officier de l’armée royale, il a été déporté dans le camp de concentration « Béléné », après l’instauration du régime communiste en septembre 1944. Sa mère Eléonora est issue de la famille aristocratique autrichienne Fon Heldenberg. La future star du cinéma se présente aux examens de l’Académie nationale de théâtre et des arts cinématographiques, mais son talent n’a pas été remarqué par le jury. Ce sont les professionnels du théâtre national de Yambol qui l’a remarquent en premier. Yanaki Stoïanov, directeur du Théâtre de Yambol l’invite dans sa troupe, alors qu’elle n’a que 17 ans. Il lui donne tout de suite le rôle de Juliette.
Névéna Kokanova a toujours dit qu’il y a trois grands maitres qui lui ont enseigné le théâtre et qui ont remplacé la formation à l’Académie de théâtre et de cinéma. Ce sont le metteur en scène Lubomir Charlandjiev qui était aussi son mari, le comédien Grigor Vatchkov et Apostol Karamitev. Dans les archive de la RNB, nous retrouvons une interview avec le réalisateur de « Tabac » Valo Radev, qui nous décrit le processus de travail avec Névéna Kokanova.
« Névéna était une actrice parfaitement capable de capter au vol les sentiments que doit projeter son personnage. Je lui exprimais un sentiment, elle sentait ce que je ressentais et le restituait devant la caméra. Mais toujours en passant par sa propre personnalité et à travers le texte ».
Nous ne disposons pas de beaucoup d’éléments sur la vie personnelle de l’actrice, car elle n’a jamais donné son accord pour l’écriture de sa biographie. La grande dame du cinéma est aussi la première actrice dans l’histoire bulgare pour laquelle on écrit spécialement un rôle. C’est la grande écrivain et scénariste Blaga Dimitrova, qui écrit le scénario du film « Bifurcation » en pensant à Névéna. Konstantin Pavlov écrit pour elle le rôle principal dans le scénario du film « Souvenir de la jumelle » et appelle son personnage du prénom Névéna. Hélas, ce fut un mauvais présage. La reine du cinéma bulgare a était emportée par la même maladie que son héroïne dans le film. En l’An 2000, à l’âge de 61 ans elle nous a quittés à jamais.
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