L’économie bulgare enregistre une croissance de près de 2% depuis le début de l’année et ce avant tout grâce à la reprise de la consommation, a expliqué pour Radio Bulgarie Internationale la senior économiste de l’Institut d’économie de marché Dessislava Nikolova. L’essor économique est également le résultat dе l’assimilation accélérée de subventions européennes. La reprise observée sur le marché de l’emploi depuis le début de l’année est également un phénomène positif. Et Dessislava Nikolova de détailler:

“La reprise du marché du travail est une des raisons qui ont provoqué le rebond de la consommation car les gens disposent de davantage d’argent. La déflation est un autre facteur qui stimule la consommation. Elle a disparu un moment début 2015, mais au cours des derniers mois on observe dans le pays de nouveau une inflation négative. On pourrait dire qu’en général l’économie bulgare se développe relativement bien par rapport aux autres économies européennes. On aurait préféré une croissance de l’ordre de 5-6% comme pendant les années précédant la crise, mais à l’heure actuelle la conjoncture économique et la demande extérieure restreinte ne permettent pas  à la Bulgarie une croissance plus forte. Des problèmes intérieurs freinent également une croissance plus substantielle. Pendant les années avant la crise la Bulgarie accueillait des flux considérables d’investissements étrangers mais actuellement ces investissements ne sont plus le principal facteur déterminant l’évolution de l’économie nationale. Ils ont été remplacés par l’absorption des fonds européens et on observe depuis 2013 une absorption à grande vitesse de subventions de plus en plus grandes dans le cadre de la période de programmation précédente ”.

Selon Dessislava Nikolova, le fait qu’on envisage pour cette année et le début de l’année 2016 un ralentissement des flux des finances européennes étant donné que tous les programmes opérationnels ne sont pas encore validés et les versements de fonds n’ont pas encore commencé ou n’ont pas encore atteints les niveaux souhaités est une source de préoccupation au niveau des investissements européens.

“Le fait est que quelques secteurs de l’économie bulgare enregistrent les taux de croissance les plus élevés ces dernières années. Il s’agit avant tout de secteurs dans le domaine des services. Le taux le plus grand a été observé dans l’informatique qui est devenue par ailleurs un des facteurs les plus importants sur le marché de l’emploi. L’outsourcing de différents business services est l’autre secteur où la croissance est très sérieuse ces derniers temps en raison des bas coûts de la main d’œuvre qualifiée en Bulgarie. En termes d’industrie, on observe quelques branches qui créent de nouveaux emplois. Il s’agit notamment du secteur des pièces détachées pour automobiles. La Bulgarie devient un véritable leader régional dans ce secteur et une grande partie des investissements étrangers est ciblée dans ce secteur après la crise.”

Peut-on dire que la hausse permanente du SMIC pourrait menacer le marché de l’emploi?

“Ces craintes ne datent pas d’aujourd’hui, Nous nous attendons à des effets de ce genre dès le moment où le SMIC en Bulgarie a commencé sensiblement et à grande vitesse à augmenter. Nous avons récemment publié une étude sur le sujet qui démontre clairement que l’augmentation du SMIC a des effets négatifs sur l’emploi, surtout sur le groupe le plus vulnérable des salariés à basse qualification et des études primaires. Les grands problèmes sont précisément à ce niveau-là et les effets sont les plus négatifs. Je viens de mentionner quelques branches qui créent un nombre considérable de nouveaux emplois mais ces postes sont disponibles pour des travailleurs qualifiés. Actuellement le marché du travail ne crée pas, à la différence des années avant la crise, des emplois pour des gens mal éduqués ”.

Selon Dessilava Nikolova, la main d’œuvre non-qualifiée devrait bénéficier d’une politique sociale mieux structurée et ne pas compter sur les seules augmentations du SMIC.

Les exportations bulgares sont une des principales locomotives de l’économie. Est-ce qu’elles souffriront du ralentissement de l’économie chinois ?

“En tant que petite économie ouverte, la Bulgarie dépend beaucoup des exportations. Pendant les années après la crise, les exportations ont été le moteur principal de la croissance économique. Actuellement, nous observons des risques de ralentissement des exportations suite à la croissance plus faible en Chine. En effet, la Chine est devenue ces dernières années un des grands importateurs de marchandises bulgares, principalement de matières premières. On ne devrait pas non plus oublier et sous-estimer les effets secondaires du ralentissement chinois sur les exportations bulgares pour les pays de l’Union européenne. Les autres pays européens exportent également beaucoup de biens et services en Chine, l’Allemagne notamment, qui est un des partenaires commerciaux principaux de la Bulgarie. C’est pour toutes ces raisons que les plus grands risques pour l’économie bulgare viennent actuellement de l’extérieur“, considère Dessislava Nikolova.

Version française: Vladimir Sabev