Depuis quelque temps, la Banque nationale de Bulgarie a ramené son taux directeur à 0% ! Mais n’ayez crainte, cette démarche ne devrait pas affecter les taux d’intérêts sur les crédits octroyés par les banques commerciales en Bulgarie. Si la banque centrale agit de la sorte, c’est pour rester conforme à la politique monétaire de la Banque centrale européenne /BCE/. Tel est du moins l’avis de l’économiste Latchézar Bogdanov du cabinet « Industry Watch ». Placée dans une zone de libre circulation des capitaux, la Bulgarie n’a aucun mal à transférer les ressources  de ses institutions financières où bon lui semble, ce qui rejoint le modèle de la BCE qui garde des taux très bas, contrairement à d’autres banques qui attirent des fonds par des taux d’intérêts plus élevés. Dans ce contexte, déplacer des capitaux pour profiter de l’écart des taux aurait tout l’air d’une opération spéculative. De l’avis de Bogdanov, le prêt hypothécaire est le seul produit bancaire qui ces dernières années est très sollicité, mais une chose est sûre – les banques ne bougeront pas tant que les résultats des tests de résistance ne seront connus, au deuxième semestre de 2016, pour être précis.  

„ Les taux d’intérêts sur les prêts hypothécaires sont faibles et sont même inférieurs à 5% pour les nouveaux crédits. N’oublions pas que le gouvernement bulgare verse des taux de 2,5-3% sur les obligations à long terme. Ce qui fait qu’on ne peut pas proposer à un citoyen lambda, qui risque de perdre son emploi du jour au lendemain ou qui tout simplement n’est pas de bonne foi, des taux inférieurs à ceux payés par l’Etat bulgare. Il ne faut pas oublier que nous vivons en Bulgarie qui ne peut se mesurer à une certaine Allemagne, ou encore aux Pays-Bas ou au Japon. »

Il serait intéressant de savoir si le Bulgare continuera à cultiver son conservatisme en gardant au chaud dans sa banque ses économies, même si elles ne lui rapportent pas grand-chose, ou s’il osera placer son argent dans des opérations plus rentables, certes, mais aussi  plus risquées ?

„ Le marché bulgare s’articule autour de la notion de confiance. Ceux qui proposent des instruments financiers alternatifs à risque ne sont toujours pas bien vus. D’un autre côté, les clients traditionnalistes des banques sont plutôt frileux à l’égard de ce type d’offres pour la simple raison qu’ils ne comprennent pas de quoi il s’agit réellement. Bref, les Bulgares se cantonnent à leurs dépôts dans leur banque. La culture financière n’est pas facile à inculquer. Il faut des générations entières pour que les choses changent. »

Qu’en est-il de la consommation, quand on sait que le chômage baisse et que l’économie repart tout doucement ?

„Les habitudes de consommation ont besoin de temps pour changer. Ce que nous désignons par le terme de consommation n’est souvent qu’un achat unique d’un bien ou de quelques meubles. Mais quand il s’agit des biens de consommation courante, malgré l’embellie économique, je ne pense pas que le changement sera significatif. »

Et si les banques imposaient des taux négatifs sur les dépôts, qu’adviendra-t-il des 20 milliards d’euros qui dorment dans les banques bulgares ?  

„Il ne faut pas dramatiser. Surtout qu’à l’heure où je vous parle, il existe un grand nombre de comptes bancaires qui ne sont pas du tout rémunérés, tout en continuant de payer des frais de tenue de compte. C’est du négatif, non ? Donc, encore une fois et pour résumer, les Bulgares sont loin d’abandonner leur conservatisme quand il s’agit d’économies. Quant aux taux négatifs, toute la zone euro y est actuellement concernée. »  

Version française : Sonia Vasséva