L’Agence nationale des Archives invite les habitants et les visiteurs de Sofia à une exposition originale qui retrace le passé culturel de la capitale bulgare à la fin du 19^e et au début du 20^e siècle, à travers des affiches de spectacles et des photos. Et même si le focus est placé sur le rayonnement culturel de la capitale, on comprend facilement qu’il s’agit d’une période faste et particulièrement riche de l’histoire de la ville.

Et pourtant, à la fin du 19^e siècle, Sofia compte à peine 20 000 habitants jusqu’au début de la Guerre russo-turque de libération de la domination ottomane. Sofia est proclamée capitale de la Bulgarie après la libération /en 1879/, ce qui lui permet de connaître un essor spectaculaire qui en fait une ville européenne moderne.

L’exposition est aussi liée à un anniversaire. En 1928, nous marquons le 50^e anniversaire de la libération et les 1000 ans du Siècle d’Or de l’essor impressionnant de la culture et des arts bulgares, sous le règne du tsar Siméon Le Grand au début du 10^e siècle. A cette occasion, le maire de l’époque, Vladimir Vazov /frère du patriarche de la littérature bulgare Ivan Vazov/ ordonne la création d’un Musée de Sofia et d’une Bibliothèque municipale, enrichis par la suite d’une Galerie des Beaux-Arts.

L’exposition nous est présentée par le président de l’Agence nationale des Archives, Mikhaïl Grouev :

"Nous avons essayé à travers les 90 photos et affiches de remonter le temps pour retracer les 90 ans d’histoire des institutions culturelles emblématiques de Sofia. Car que ce soit le musée, la bibliothèque ou la galerie d’arts, ces institutions ont joué un rôle important de tous les temps… J’attirerais l’attention sur la plus ancienne affiche, une édition de luxe fabriquée en soie naturelle. Elle a été utilisée en 1882, à l’occasion du premier spectacle d’opéra, et 4 ans seulement après la libération de la Bulgarie du joug turc. La grande chanteuse d’opéra allemande Philippine von Edelsberg arrive spécialement pour l’occasion et est accompagnée de l’orchestre de la fanfare militaire, car à cette époque, la Bulgarie n’a pas encore d’orchestre symphonique. De nos jours, l’Opéra national de Sofia est une institution reconnue en Europe, qui depuis 2013 organise chaque année un festival dédié à Richard Wagner."

L’exposition présente un grand nombre d’affiches de spéctacles d’opéras, dont celui du premier opéra bulgare, « La Pauvrette », d’Emmanuil Manolov. Certaines affiches rappellent un des évènements mémorables de l’opéra à Sofia, la visite du grand chanteur russe Fiodor Chaliapine en 1934, qui a incarné Boris Godounov de l’opéra éponyme de Moussorgski ou encore le Prince Igor dans l’opéra de Borodine.

Des photos rappellent aussi une autre institution emblématique qui a existé entre 1951 et 1959, le « Théâtre national de campagne », dont les pièces avaient pour sujets des conflits et intrigues propres à la vie dans les villages bulgares, respectant le style du « réalisme socialiste », cher à l’époque.

L’exposition couvre la période entre 1882 et 1994 et certaines affiches ou photos ont été mises à disposition par le Musée régional d’Histoire de Sofia, les Archives nationales, la Bibliothèque municipale et la Galerie nationale des Beaux-Arts.

"Créer, rassembler et sauvegarder tout ce que la culture et l’esprit national ont produit, telle est la mission première d’une ville qui souhaite s’épanouir et perdurer dans la conscience humaine" – c'était le credo du maire Vladimir Vazov qui a ordonné la création du Musée de Sofia, avec sa Bibliothèque municipale, ses Archives et sa Galerie des Beaux-Arts…Un projet ambitieux dont Sofia est toujours fière et qu’elle adapte à l’air du temps…

Récit : Sonia Vasséva