Les premières estimations des élections européennes en Bulgarie, annoncées par la Commission centrale électorale et qui se rapprochent de plus en plus des résultats définitifs, confirment la présence de 5 et non pas 4 partis de Bulgarie au nouveau Parlement européen. Et jusque-là, rien de surprenant…

La grande surprise est venue de la coalition de formations de droite, sous l’étiquette « Bulgarie démocratique », considérée hier encore comme un outsider. Bien plus, sur la base des bulletins de vote des expatriés bulgares, 28.75% de ceux qui vivent et travaillent à l’étranger ont justement plébiscité cette nouvelle coalition qui sort première, devant GERB et l’UFD…Pour une surprise, c’en est une et de taille…

Sinon, la victoire du parti GERB au pouvoir en coalition ad hoc avec l’Union des Forces démocratiques /UFD/ n’a surpris personne, même si l’avance importante sur son éternel rival du PS /plus de 5%/ en a étonné plus d’un…

Quant au PS, ses plus de 5% d'écart du parti gagnant ont tout l’air d’une cuisante défaite…

Le Mouvement des Droits et libertés /MDL/ s’est confortablement installé en troisième position, avec un résultat toutefois supérieur à celui, consolidé, de toutes les formations nationalistes, issues des « Patriotes unis », mais qui ont concouru séparément aux élections européennes.

Justement, parlant partis nationalistes, le VMRO-NDB a de loin dépassé les performances plutôt modestes du "Front national du salut de la Bulgarie" de Valéry Siméonov et du parti "Ataka", ce qui en fait un leader aux yeux des adeptes du nationalisme et du patriotisme brut.

Comparé aux autres pays de l’Europe de l’Est, le taux de participation aux élections en Bulgarie semble lui aussi assez surprenant. Moins de 32%, face à des scores plus importants dans les autres pays européens /plus de 50% en France !/. Mais rien n’est définitif, car à en croire l’Institut de sondage « ALPHA RESEARCH », il est fort possible que les 32% soient majorés à 40-42%, si l’on considère que les électeurs bulgares sont réellement 5.1 millions et non pas 6.3 millions.

Sinon, les trois premiers aux élections européennes en Bulgarie font partie des trois grandes familles politiques en Europe, à savoir le Parti Populaire Européen /pour GERB et l’UFD/, le Parti des socialistes européens /pour le PS/ et l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe /le MDL/.

Tout porte à croire qu’aucune alternative n’est apparue à l’issue du scrutin, malgré les efforts du PS de pousser vers la convocation d’élections législatives anticipées qui sonneraient le glas pour le troisième gouvernement de Boyko Borissov.  Une hypothèse qui, malgré les efforts des tribuns socialistes, a volé en éclats. D’ailleurs au lieu de penser à renverser le gouvernement, le parti socialiste devrait se concentrer sur ses propres échecs et assumer la responsabilité de sa conduite agressive, qui a fait éclater l’unité, déjà fort ébranlée, de sa base et surtout de ses dirigeants.

Quant à la coalition au pouvoir, rien ne préfigure des changements, ce qui n’exclut pas certains réajustements intérieurs, suite aux très faibles scores du "Front national pour le salut" et du parti "Ataka", contrairement à la percée du VMR0-NDB. Rien n’exclut non plus la possibilité de voir le parti GERB attirer les représentants de la "droite classique" après le succès de sa coalition avec l’UFD.

In fine, la percée de la "Bulgarie démocratique" pourrait remettre sur le tapis l’idée d’une nouvelle réunification de la droite…

A toutes ces questions et hypothèses, les partis politiques en Bulgarie devront essayer de trouver la réponse d’ici les élections municipales prévues cet automne en Bulgarie. Et il est tout à fait possible que la deuxième moitié de 2019 réserve de nouvelles surprises…

Version française : Sonia Vasséva