Chaque année, en Bulgarie sont organisés pas moins de 1000 festivals, tous genres confondus, et l’on peut dire que 2019 est placée sous le signe de l’Histoire de Bulgarie, avec des reconstitutions imposantes, qui attirent un public conquis par un décor et des personnages plus vrais que nature ! Car la Bulgarie a connu des moments de grandeur qu’il fait bon de rappeler, surtout à notre époque de remise en question des principes et valeurs authentiques de la nation. Nous avons rencontré Jasmin Parvanov, président de l’Association de sauvegarde des traditions bulgares dont le siège est à Varna :

Cela fait des années qu’il existe un mouvement de promotion de l’histoire de Bulgarie, animé par d’authentiques patriotes et passeurs d’histoire qui tentent à chaque fois de ressusciter le passé et son patrimoine sous des formes modernes et attractives. Et ce sont les enfants et les adolescents qui sont notre principale cible, car voir en vrai dans un spectacle ou une autre forme artistique ce qu’ils ont appris à l’école est beaucoup plus efficace et pérenne.

Ces associations sont constituées de personnes aux métiers différents, unis par leur attachement à l’histoire de Bulgarie et leur désir de reconstituer à l’occasion d’un festival des scènes de la vie d’antan, les métiers d’art, les tenues vestimentaires, la culture et les habitudes alimentaires, les traditions militaires des hommes au combat, bref tout ce qui renvoie le spectateur aux us et coutumes des anciens…

Pour les reconstitutions, les organisateurs s’appuient sur les sources manuscrites et les fouilles archéologiques qui mettent au jour des objets de la vie des Thraces anciens, des Goths, des Romains, des Protobulgares, poursuit son récit Jasmin Parvanov. – On reproduit à l’identique les objets découverts dans les tombeaux, les icônes, les manuscrits, tout ce qui peut nous éclairer sur ces époques révolues…Ainsi plus de 200 experts de Bulgarie, Hongrie, Pologne et Roumanie travaillent sur le site de la réserve architecturale « Pliska », pour faire la lumière sur la vie entre le 6^e et le 14^e siècle.

Les 17 et 18 août justement, les amateurs d’histoire sont invités à la nouvelle édition du Festival des „Portes de Trajan : grandeur et mémoire” à Kosténetz / à 60 km au Sud-Est de Sofia/, qui ressuscitera l’époque de la victoire historique du tsar Samuel sur l’empereur byzantin Basile II, le 17 août 986.

Cette année, le festival est entièrement sponsorisé par les participants. Et chacune des époques sera présentée sous forme de récit ou de reconstitution d’un évènement donné, et quand je dis reconstitution, je pèse mes mots, car nous avons souhaité nous rapprocher au maximum de l’atmosphère authentique, avec ses armes, rituels, costumes et personnages qui ont réellement existés.

Ainsi la tribu des Goths en Bulgarie sera incarnée par les membres de l’Association des « Goths de Bulgarie Dux Anticae » de Svichtov, dont le président Dimitar Spassov nous en dit plus : 

La période que nous sommes amenés à ressusciter, celle des Goths, est une des plus passionnantes, celle où l’Antiquité se voit évincée par l’époque du Moyen-âge et que le mastodonte, en la personne de l’Empire romain, commence à s’effriter avec l’apparition de nouveaux peuples et de nouvelles cultures. La ville de Svichtov se trouve au bord du Danube, qui a toujours été considéré comme un croisement de chemins, de cultures et d’armées. Et l’on peut dire qu’à un moment donné, les Goths constituaient la principale population et que leur capitale, Nové, était celle d’un des plus grands Etats Goth. Toujours est-il que pour des raisons idéologiques, nous disposons de très peu d’information sur cette époque, considérée comme une époque charnière et une phase de transition qui ne laisse pas de traces.

En conclusion, Dimitar Spassov attire l’attention sur le prix et les efforts que demande une reconstitution fidèle des évènements et du cadre de vie, propres à chaque époque. Un processus qui prend du temps, notamment celui de trouver les bons artisans bulgares, forgerons, tanneurs, couturiers entre autres, qui s’attelleront avec enthousiasme à la tâche, pour dépoussiérer l’histoire de Bulgarie …

Récit : Sonia Vasséva