Le trésor inestimable que constituent les manuscrits, les chroniques, les incunables et autres documents, précieusement conservés au monastère bulgare de Zographou (Zographe) du Mont Athos a été le thème de la conférence qui a réuni à l’Université de Sofia Saint Clément d’Ohrid des chercheurs passionnés d’Europe et d’Outre-Atlantique. A cette occasion ils ont rendu publiques les dernières révélations de leurs études effectuées dans les archives monastiques.
Le monastère de Zographou, appelé aussi Saint-Georges - le Zographe date probablement du 9e -10e siècle. D'après la tradition, il fut fondé au Xe siècle par trois Bulgares d'Ohrid : Moïse, Aron et Jean, frères du roi Samouïl (997-1014). Selon la légende, ils voulaient faire bâtir une église à cet endroit mais comme ils ne pouvaient pas s’accorder sur le nom ils décidèrent de s'en remettre à la volonté divine. Ils enfermèrent dans l'église une plaque de bois et prièrent pour que le miracle ait lieu.
Lorsqu'ils vinrent constater le résultat, ils trouvèrent peinte sur le bois l'image de Saint Georges et ils lui consacrèrent le monastère sous le nom de Saint Georges Zographos, c'est-à-dire le peintre.
Au début du siècle dernier, Yordan Ivanov historien et médiéviste de grande érudition met la main sur le chrysobulle du monastère de Zographe. Des informations beaucoup plus fouillées et enrichies sur cet acte de grande importance ont été présentées au cours de la conférence de Sofia.
“ C’est la première fois que sont officialisées toutes les copies relatives au chrysobulle et c’est à partir de ces descriptions nous avons pu procéder à l’analyse et aussi apprendre quand et comment est apparu le monastère Saint-Georges-le Victorieux” – dit le professeur Andrey Boyadjiev de la chaire des études de l’œuvre des Saints Frères Cyrille et Méthode auprès de l‘Université de Sofia. - Pourtant, le fait même que nous partons d’une légende, colligée qui plus est à partir de plusieurs sources, laisse planer un doute sur la date précise de l’apparition du monastère – en l’occurrence 919. Quoi qu’il en soit, l’essentiel pour nous ce sont les liens que ce document établit avec les autres monastères, sources et légendes. Le chrysobulle est intéressant à plus d’un titre, il l’est aussi au point de vue du texte mais aussi de son aspect – il représente un des plus longs parchemins rédigés en caractères slavons connus et conservés à nos jours. »
A la bibliothèque du monastère sont conservés des documents liés aux premiers temps de l’écriture en vieux bulgare. “L’Histoire slavo-bulgare”, livre fondateur de l’identité bulgare, œuvre du moine Païssi de Hilendar a réintegré la blibliothèque de Saint-Georges au Mont Athos.
« Depuis toujours le monastère a été lié à l’écriture et à l’enseignement slave – poursuit le Prof. Boyadjiev. – Le plus ancien document qui s’y trouve date du milieu du Xe siècle, donc il est contemporain de l’époque de l’écriture en vieux bulgare, qui, malheureusement ne nous a pas laissé de nombreux écrits, et pourtant c’est à partir de ce temps- là que prend son envol la culture bulgare. Voilà comment les archives du monastère de Zographe nous ont aidés à relier la culture de cette époque à celle de l’Age dit d’Argent (14e siècle). Et puisqu’il s’agit d’une culture vivante, nous pouvons suivre ses cheminements et ses mutations tout au long des dix siècles d’existence dans un foyer culturel qui n’a jamais dérogé à sa mission d’oeuvrer au service de dieu et ainsi jusqu’à nos jours. »
Le public peut voir des copies de certains de ces documents à l’exposition accueillie à la bibliothèque de l’Université de Sofia : fac-similés des pages du Draganov minei (recueil de textes liturgiques et fêtes votives ainsi appelé du nom du copiste Dragan), des Feuilles du monastère de Zographe (264 en tout) ainsi que des reproductions de l’Histoire slavo-bulgare.
« C’est la première exposition arrangée par un monastère bulgare, guidé par la volonté de révéler ses richesses dans leur intégralité tant au niveau de l’histoire, que de la culture et de l’esprit – éléments indissociables, puisque nous vivons aussi bien dans le monde matériel que dans l’univers spirituel – dit le prêtre Cosma Popovski de l’Institut d’histoire et de religion auprès du Patriarcat. – Personne n’est en mesure d’évaluer le nombre de documents détenus dans les archives monastiques, parce que des unités nouvelles émergent sans arrêt, mais aussi parce que des études suivies de cet immense et précieux patrimoine n’ont jamais été menées et nous n’en sommes qu’à nos débuts. Nous pouvons aussi affirmer que les archives plus récentes du monastère n’ont jamais fait l’objet d’aucune étude ni évaluation, que même en ce qui concerne les monuments connus et recensés émergent des informations inédites qui nous permettent de mieux les expliquer, les éclairer sous un jour nouveau. Or les liens que les chercheurs font avec des archives conservées à d’autres endroits montrent de manière incontestable combien fortement étaient liés le monastère de Zographe et les autres monastères du Mont Athos au reste du monde orthodoxe et pas seulement. »
Version française Roumiana Markova
Photos: Diana Tzankova et archives personnelles
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