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L’épidémie comme un défi historique et de nouvelles opportunités

Photo: pixabay

Le mot en grec antique « epidemos » signifie « au-dessus du peuple », alors que la pandémie concerne « tous les peuples ». Dans un contexte historique, ces «sinistres divins» ont toujours bousculé de manière significative les différentes couches de la géopolitique. Mais il y a toujours des nations qui réussissent mieux à profiter des circonstances perturbantes. Elles arrivent à surmonter les défis en s’imposant sur les autres.

Pendant la « peste de Justinien » au milieu du VIe siècle, l’empire Oriental grec (Byzance – n.d.l.r.) est dépeuplé. L’historien antique Procopius de Caesarea décrit de la manière suivante la situation : “…en 535-536 un grand miracle s’est produit: pendant toute l’année le soleil brillait voilé, comme une lune, sans rayons, comme s’il avait perdu sa force et il a cessé d’être comme avant brillant et clair. A partir du moment où cela a commencé, les guerres entre les hommes ne cessaient pas, ni l’ulcère mortel, ni n’importe quel autre sinistre apportant la mort ». Le refroidissement qui a suivi ces évènements a conduit à une chute de la production agricole et à la famine générale. Les invasions des Huns et des Slaves au sud du Danube reprennent. Dans l’empire du Milieu (la Chine) 80% de la population meurt de faim.

Au cours du règne de l’héritier de l’empereur Justinien, Justinien II, on observe une deuxième éclipse du soleil attribuée à des éruptions de volcans. Pendant un an on observe également une permanente aurore boréale. La peste de Justinien se poursuit en 18 vagues jusqu’en 750. Les Bulgares et les Slaves profitent de ce chaos. Ils s’installent durablement dans les Balkans. La fin du monde attendue par tout le monde à cette époque est reproduite sur des fragments d’icônes céramiques de Vinica (ville en Macédoine du Nord), sur lesquelles les Bulgares et les Slaves sont représentés comme deux des quatre cavaliers de l’apocalypse. L’empire est tellement bousculé qu’il se voit obligé d’emprunter dans sa législation afin de survivre une partie des lois de la population slave.

On estime que la peste en Europe est une des principales raisons des brillants succès des sultans ottomans après 1347. Dans les différentes régions du continent « la mort noire » extermine plus de la moitié de la population. Cette même peste a sévi auparavant en Chine pour arriver finalement en Europe non sans l’aide des conquérants mongols. Mais on ne devrait pas oublier que chaque épidémie est à la fois un ennemi pour les défenseurs et pour les conquérants. Les raisons des succès des Ottomans en tant que conquérants sont différentes. A l’époque du règne de Justinien, Byzance essaye avec succès d’absorber une partie des agresseurs ottomans. Au XIVe siècle cependant les choses changent. Byzance est en faillite, elle est une ombre impériale sans éclat et en échec. Tous les pays autour d’elle essayent de s’approprier son héritage. Tout le monde rêve de bâtir son propre empire, c’est-à-dire des Etats multiethniques. Les plans des Ottomans enregistrent dans ce sens les plus grands succès. Sans différence d’origine ethnique ou de religion ce sont eux qui arrivent à copier et reproduire le mieux le modèle byzantin de mobilisation d’hommes et de ressources pour leur expansion. 

Les historiens affirment que les réactions face à la peste au XIVe siècle sont différentes en Europe Occidentale et en Europe Orientale. Non sans l’aide d’insurrections, les serfs qui ont survécu en Occident sont affranchis de plusieurs obligations du servage. On commence à rémunérer une grande partie de leur travail car il n’y a pratiquement pas de main d’œuvre. A l’est cependant les obligations et charges de la population à l’égard des maîtres sont renforcées.

  Les parallèles historiques aussi risqués soient-ils nous révèlent qu’il y a certaines conséquences communes à toutes les pandémies à toutes les époques. L’argent est toujours sensiblement déprécié, les prix montent en flèche pour atteindre un nouveau niveau d’équilibre. La crise démographique et les réseaux économiques rompus augmentent les coûts du travail.



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