L’économie bulgare recule de 10 % au second trimestre de l’année, indique l’Institut national de statistique. Comment travaille le business en situation de récession, de pandémie Covid-19 et de crise politique ? Le président de l’Association du capital industriel (ACI) et son homologue de l’Association nationale des PME Eléonora Négoulova s’expriment pour la RNB.

Le monde se trouvait déjà au bord de la crise et ce avant l’apparition du coronavirus", est formel Vassil Vélev, qui préside à l’Association du capital industriel. Il y a un an, quelques mois avant qu’éclate la pandémie, il avait dit pour la RNB, que pour l’industrie la question de la crise n’était pas à l’ordre du jour, mais que la crise était déjà là. Maintenant, sa déclaration pourrait être qualifiée de prophétique, alors qu’en réalité cette projection n’avait été que le résultat de faits économiques réels  - baisse des commandes et des ventes pour les compagnies, stagnation des exportations, recul des industries ouest européennes. De l’avis de Vassil Vélev, à l’heure actuelle – et les institutions financières internationales, et les gouvernements en place – peuvent tout mettre sur le dos de la pandémie pour justifier les erreurs qu’ils ont commises.

On ne fait pas de politique sociale avec des salaires minima, avance un autre argument Vassil Vélev. C’est pour cette raison que le gros business demande de ne pas augmenter le salaire minimum comme prévu et de ne pas dépasser le montant minimum de cotisations sociales pour l’année prochaine. Ses arguments pour le gel des revenus minimum des Bulgares :

„Ce plan avait été élaboré selon les prévisions d’une hausse de l’ordre de 3,4% du PIB pour l’année en cours, alors que selon la CE, au contraire, nous aurons non pas une hausse, mais une baisse de près de 7%, ce qui fait un écart de plus de 10 de ponts de pourcentage dans les projections. En ce qui concerne 2021, on ne s’attend pas à un plein rétablissement, nous allons probablement revenir au niveau de 2018. Ce n’est qu’en 2022 que nous serons en mesure d’égaler le niveau de 2019, d’avant la crise sanitaire, et peut-être faire un peu mieux. Dans ce contexte de chute des ventes et du PIB il est logique de ne pas espérer une hausse du salaire minimum, mais privilégier au maximum l’accès à l’emploi des demandeurs d’emploi peu qualifiés.“
Il est impératif d’accélérer l’injection des liquidités dans l’économie, affirme Vélev. „ Nous avons pris un grand retard et il n’est plus question de le combler, mais au moins ne pas le creuser davantage. C’est à cela que doit servir l’excédent budgétaire en temps de crise."

Et Vassil Vélev d’ajouter, que dans notre pays la mesure d’aide à l’emploi n’est pas correctement appliquée à l’inverse des autres pays européens, ce qui explique que les chiffres du chômage sont 8 fois supérieurs. 

Et sur le fond des manifestations antigouvernementales qui secouent depuis deux mois le pays, deux hommes d’affaires ont déclaré être la cible de contrôles répétés de la part des institutions suite à la participation de certains de leurs employés à ces manifestations. Néanmoins, Vassil Vélev a indiqué que l’ACI n’avait pas été contactée à ce jour pour demander son soutien et il a ajouté qu’elle préparait sa réponse à la question.

"Le droit de manifester est garanti par la loi", dit Eléonora Négoulova, présidente de l’Association des PME. Et d’ajouter qu’en qualité d’employeur elle n’interdirait pas à ses employés de manifester afin de garantir le calme de son entreprise. Interrogée pour la RNB, Eléonora Négoulova a tenu à préciser, que depuis un bon moment les PME bulgares protestent à cause de l’absence de mesures de protection pour les micro-entreprises.  "Ce sont des entreprises familiales et les horaires de travail y est entre 10 et 12 heures par jour." Une grande partie des micro- et petites entreprises sont au bord de la faillite, parce que les mesures de soutien sont absolument inefficaces, dit en conclusion la présidente de leur association.

Rédaction : Elena Karkalanova

Photos: BNT, BGNES