Une grande partie de nos compatriotes ne savent pas comment gérer leurs finances et préfèrent « geler » leurs économies en les mettant dans des dépôts à long terme même si les intérêts sont minimes et qu'ils risquent de subir des pertes.

Des analystes justifient ces décisions par l’ignorance des personnes plus âgées qu’elles avaient héritée de l’époque du socialisme quand l’économie de marché n’existait toujours pas et les gens avaient pris l’habitude de garder leurs économies en banque….voire à la maison. Il existe toutefois encore une raison pour agir de la sorte. C’est notamment la prudence excessive des gens et leur méfiance envers les marchés des capitaux et le système bancaire en général, marqué de faillites dramatiques caractérisant l’aube de la démocratie. D’après des données non officielles, au moins 5 milliards d’euros se seraient « évaporés » à la suite de fraudes financières du début de la transition, en provoquant ainsi la banqueroute complète de plus de 200 mille Bulgares. Les escrocs qu’on appelait à cette époque des « pharaons » vivaient tranquillement et ne s’étaient jamais vus inquiéter par la justice. Trois décennies plus tard, la plupart des gens demeure sceptique.

Aux dires du consultant financier Emil Ivanov, l’insécurité demeure toujours à l’ordre du jour mais elle se fonde actuellement plutôt à la pandémie du Covid-19 et à notre prochaine adhésion à la Zone euro, qui se caractériserait selon certains par « une forte impression de billets », ce qui augmenterait indubitablement le taux de l’inflation. Les gens se sentent toujours très réticents quand il s'agit de procéder à une quelconque opération financière.

Le problème au cours des quelques dernières années réside principalement dans le fait que les intérêts accordés par les banques soient pratiquement équivalents à zéro, certaines institutions financières ayant même suspendu l’option « dépôts » ce qui met en difficulté les clients. Dans le même temps il est bien vrai que l’inflation suit toujours une tendance ascendante. Selon Ivanov, les jeunes gens agissent de manière de loin plus adéquate dans le domaine des finances. « Ceux-ci s’orientent vers les marchés - ils investissent dans des fonds d’envergure, dans des actions ou bien dans d’autres instruments financiers comme par exemple les obligations, ce qui leur assure une certaine souplesse dans le contrôle de leurs épargnes », affirme le financier et d’ajouter : 

Le pire que le Bulgare puisse faire à ce jour c’est de s’accrocher à ses économies en les déposant en banque à des taux d’intérêts de l’ordre de 3 à 5% et ceci dans une situation de forte inflation – dans ce cas il sera fortement perdant. Imaginez que vous disposez d’environ 5 mille euros d’économies. Dans un an, leur montant sera ramené à 4750 mille euros, les prix de consommation ayant dans le même temps été augmentés de 5% en raison de l’inflation. C’est de ce fait que nous vous conseillons soit d’investir vos économies, soit de vous renseigner sur de possibles moyens de réaliser un gain financier. Les attentes et les plaintes ne constituent pas d’alternative.

A l’occasion de la prochaine intégration de la Bulgarie dans la Zone euro une assez forte inflation est malheureusement attendue, ainsi qu’une importante hausse des prix. « Au cours des 2 à 3 premières années suivant cette adhésion, dans des pays comme la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie qui ont déjà parcouru ce chemin, l’inflation a été portée à plus de 10%. En cas de contrôle erroné de vos finances personnelles, cette tendance risque de faire fondre une partie d’elles, déclare Emil Ivanov et d’ajouter :

J’espère fort qu’au cours des 10 à 15 prochaines années, la zone euro puisse devenir très profitable pour nous, étant donné qu’elle ouvrira de nouvelles voies économiques pour la Bulgarie, fera venir des investisseurs dans le pays, ainsi que favorisera les possibilités de faire du business. Il convient de rappeler également que l’entrée du pays dans la Zone euro pourrait assurer des revenus plus élevés. Cependant, à court terme, si des précautions ne sont pas prises en temps utile, ce processus risque de renforcer la paupérisation de la partie moins active de la société.Ceci dit, comme il n’est pas nécessaire d’être malade pour s’adresser au médecin, ainsi il ne faut pas attendre d’avoir des difficultés financières pour s’adresser à un consultant financier, conclut Emil Ivanov.

Version française : Nina Kounova