En Bulgarie, les fêtes de fin d’année commencent le 20 décembre par la Saint Ignace, qui est considéré par l’Église orthodoxe bulgare comme un messager de Dieu. En effet, d’après les légendes, il est l’enfant que Dieu prend entre ses mains, en se tournant vers les apôtres pour leur dire : « Si vous ne changez pas et ne retrouvez pas la pureté de votre âme d’enfant, les portes du royaume céleste vous seront à jamais condamnées » …
Saint Ignace
Une coutume très originale est ressuscitée chaque année en ce 20 décembre dans certains villages proches de Roussé sur le Danube. Il s’agit de veiller sur le levain. Un rituel aux pouvoirs magiques qui, de ce fait, était interdit par le clergé. Mais les fidèles trouvaient toujours un moyen de le pratiquer…Plusieurs variétés de pain sont confectionnées pour le repas du Réveillon de Noël, dont la miche dédiée à Dieu, qui est considérée comme une forme de sacrifice, même si aucune goutte de sang n’est versée. La galette est décorée de chutes de pâte, dont obligatoirement une en forme de croix. Dans beaucoup de villages, les femmes confectionnent un autre pain, dénommé chapelle, dédié, une fois de plus à Jésus-Christ.
Réveillon de Noël
La Nuit de Noël est la célébration bulgare de l’humilité, la gratitude et l’espoir. Tout le monde pense Noël, tout le monde parle Noël, et tout le monde prépare soigneusement le Réveillon de la Nativité du Christ, dans le strict respect des rites chrétiens et des coutumes familiales… N’oublions pas que le 24 décembre est le dernier jour du carême de 40 jours précédant la Nativité du Christ. Et les plats sont en nombre impair 7, 9, 11, une inévitable analogie avec les 13 desserts de Noël en Provence avec les fruits secs, la grosse miche de pain à la place de la fougasse, et tous les fruits et légumes de la terre : pommes, poires, haricots, poivrons, chou, blé cuit, mais aussi leurs dérivés spiritueux – le marc de raisin, le vin rouge…Qu’on soit riche ou pauvre, le soir du Réveillon de Noël, la table doit crouler sous les mets les plus variés. Et l’on s’y prépare deux jours à l’avance. A Varna, la maîtresse de maison prépare une purée spéciale de haricots blancs écrasés, qui sont aussi remplacés par des fèves. Au milieu de la table du festin trône un grand saladier rempli de tout ce que la terre a donné / du seigle, du blé, du millet, des fruits secs, des plumes de poule et deux noix pour chaque membre de la famille.
Autre coutume originale, pratiquée à Vratsa /Nord-Ouest de la Bulgarie/. Il s’agit de la « Danse des Vieux » qui réunit les anciens de la ville dans un khoro rythmé…
Noël
Quand la lumière de la fête remplit nos sens de joie nous oublions les soucis du quotidien, pour nous consacrer à la célébration. Depuis la nuit des temps, les Bulgares ont attaché une importance particulière aux fêtes de fin d’année, surtout celle de la Nativité de Jésus-Christ, qui sublime leur appartenance chrétienne et qu’ils savent lire dans le ciel, à l’approche du solstice d’hiver. Nos anciens disaient à ce propos que dans la nuit du Réveillon de Noël, le ciel s’ouvrait, les frontières s’estompaient progressivement pour laisser s’installer une période de transition, un véritable entre-deux animé par la foi en les forces du bien et le respect des règles de bienséances qui étaient censées rétablir l’harmonie sur Terre…
Qui dit Noël dit forcément chanteurs de Noël qui diffèrent d’une région à l’autre. A Vidin, par exemple, ils font la ronde du village en poussant un cri « piu-miu ». Ils offrent aussi une citrouille à chaque famille qu’ils jettent à terre pour la faire éclater et disperser les graines de courge dans la cour, en signe d’abondance.
Au village Malka Véréya, les chanteurs de Noël disent une prière et jettent l’anathème sur les mauvaises femmes, considérées comme des sorcières.
A Silistra / Nord-Est de la Bulgarie / on pratique la coutume dite « Brazaya », à laquelle ne participent que des hommes jeunes et célibataires. La brazaya est un pieu, recouvert d’un tissu coloré sur lequel trône une tête en bois recouverte d’une peau de lapin.
Jour de l’An
Les Bulgares associent le Jour de l’An aux joyeux « sourvakari ». En effet, il s’agit d’une jolie coutume qui date de la nuit des temps…Il s’agit du rituel dit sourvakané et de ceux qui s’y livrent – les sourvakari. Un groupe de jeunes gens ou d’enfants, arborant une branche de cornouiller décorée (la sourvatchka), présentent leurs vœux de santé, de prospérité et de longévité en fouettant avec une branche de cornouiller le dos de chaque membre de la famille. De nos jours, c’est plutôt une attraction amusante pour les enfants, car après le rituel du sourvakané on leur donne en cadeau une pièce de monnaie, des fruits, des noix, ou d‘autres friandises.
Plusieurs villages dans la région de Samokov (Bulgarie du Sud-Ouest) pratiquent le rituel „Маgdéna“, associé aux vœux de santé et de futur mariage pour les jeunes femmes du village.
Le village Kochov /région de Roussé/ a aussi ses particularités, ressuscitant chaque année la coutume « Djamal ». Le Djamal est une construction en bois qui rappelle le cheval dont la mâchoire s’ouvre et se ferme. Chaque maison par laquelle le Djamal passe connaîtra santé et fécondité au cours de la nouvelle année.
Enfin, dans la région de Vratsa, les sourvakari tapent avec leur branche de cornouiller sur un plan d’eau, une fontaine ou un puits, l’eau ayant des propriétés magiques…Et à chaque coup, est formulé un vœu de santé, prospérité, fertilité et abondance…
Photos : BGNES, BNR-archives
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