En janvier 2022, l’inflation sur une base annuelle en Bulgarie a atteint 9%, alors qu’à peine un mois plus tôt elle était aux alentours de 7%. Selon les données de l’Institut national de la Statistique c’est son taux le plus élevé depuis novembre 2008.

L’inflation continue ostensiblement de grimper et va probablement atteindre deux chiffres, préviennent des économistes. La cause principale de cette montée sont d’après eux les prix des produits alimentaires et des boissons non-alcoolisées, qui ont augmenté de 11% ces 12 derniers mois (pour certains légumes comme les poivrons ou les concombres le taux d’augmentation est bien plus élevé), les prix du transport en hausse de 21% et les prix des logements et des services communaux où l’augmentation est de 13%. Les dépenses en chauffage et électricité et en soins dentaires et médicaux ont aussi considérablement grimpé, tout comme les prix des hydrocarbures.

L’inflation continuera d’augmenter au moins jusqu’au milieu de l’année à cause de la situation géopolitique et la plus grande demande par rapport à l’offre, pensent les économistes et analystes. Les ressources naturelles s’épuisent progressivement à l’échelle mondiale, ce qui se répercute sur le commerce et les prix du marché. « Nous devons mettre en place des mesures fiscales et économiques pour compenser au moins en partie cet état d’appauvrissement constant d’une grande partie de la population », dit l’experte financière Mika Zaykova à RNB-Stara Zagora.

« N’oublions pas, quand on parle du niveau d’inflation, que c’est un indice médian. Si on parle juste des produits alimentaires et des autres biens les plus utilisés du « petit » panier de la ménagère, celui des gens les plus démunis, leurs prix ont grimpé vertigineusement. Pour réduire la pression de l’inflation il faudrait modifier la TVA sur les produits alimentaires. Dans 19 pays européens elle est entre 0 et 10%, alors qu’en Bulgarie elle est de 20%. Avec quelques journalistes on a fait une expérience : nous avons comparé les prix de gros de 11 produits alimentaires essentiels comme le riz, la viande hachée, le fromage, le lait ou le pain à leurs prix de détail dans un supermarché de Sofia où les prix sont relativement bas. Le résultat est terrifiant : la différence entre les prix de gros et de détail était en moyenne de 85%. Ce n’est pas dû à de la spéculation de la part des commerçants, ils savent bien que c’est le volume des ventes qui apporte des bénéfices, mais ils ne peuvent pas aller plus bas dans leurs prix. Parce qu’il n’y a pas que la TVA, ils ont aussi des dépenses en électricité pour les congélateurs et l’éclairage, sans oublier l’eau et les produits de nettoyage. Et l’électricité pour ces magasins est à des prix boursiers et je pose la question : pourquoi faut-il payer ces prix surélevés, alors qu’ils existe des prix régulés pour les ménages ? », demande Mika Zaykova.

De plus en plus de gens en Bulgarie vivent en-dessous du seuil de pauvreté, parce que l’inflation galopante n’est plus compensée par les revenus. Selon la statistique environ 600 000 personnes chez nous touchent le SMIC (325 euros), dont 42 000 dans l’administration. « Dans le secteur privé on donnait parfois de l’argent de la main à la main en plus du salaire à certains employés, mais c’est fini, parce que les chefs d’entreprises sont en difficulté », note l’experte.

« Le revenu nécessaire à une personne en décembre dernier, quand l’inflation était moins élevée, était de 580 euros. Imaginez ce qui se passe maintenant avec les smicards, mais le problème est que personne ne parle de l’instauration d’un seuil d’exonération d’impôt chez nous. Le seuil de pauvreté, lui, doit être revu à la hausse. Il est actuellement de 220 euros, mais conformément aux règles de l’UE sur les 60% du revenu moyen, il devrait être de 310 euros. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres, les riches de plus en plus riches. Il faut donc modifier notre politique fiscale », estime Mika Zaykova.

Version française : Christo Popov