« Des amis qui aident les réfugiés d’Ukraine cherchent un logement pour un étudiant, une mère avec un enfant et une femme d’âge moyen. Si vous pouvez aider, contactez-moi ». Cet appel a été lancé il y a quelques jours par un de nos confrères et a obtenu une réponse en quelques heures. Dès les premiers jours de cette guerre des bénévoles de tout le pays collectent des dons et offrent du transport et des logements à des réfugiés. Mais où est donc l’Etat dans tout ça ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine plus de 37 000 réfugiés sont arrivés en Bulgarie, dont près de 30 000 sont restés sur notre territoire. Il s’agit en majeure partie de femmes et d’enfants, y compris des Bulgares de Bessarabie (région située en partie en Moldavie et en partie en Ukraine). Le vice-ministre du Travail et de la Politique sociale Ivan Krastev a annoncé sur la RNB que la directive européenne sur la protection temporaire des réfugiés ukrainiens sera publiée dans le Journal officiel de l’UE dans les jours qui viennent. Il a précisé que cette directive est déjà appliquée par le gouvernement bulgare.

« Ce mécanisme sera activé pour venir en aide aux réfugiés de guerre en leur donnant un statut de résident temporaire et un accès au marché du travail, aux services sociaux, à l’éducation et aux soins médicaux. C’est pourquoi il est essentiel que ces gens aient un statut de réfugié. Cette directive ne modifie pas la législation nationale et doit être appliquée le plus vite possible », a dit Ivan Krastev.

Les Ukrainiens arrivés en Bulgarie doivent déposer une demande d’obtention du statut de réfugié d’ici le 31 mars pour avoir droit à une aide de 20 euros par jour sur une période de 3 mois, a décidé le gouvernement. Les mêmes aides seront versées au secteur touristique et des mesures seront prises pour un accès plus rapide des réfugiés ukrainiens au marché du travail.

Il y a beaucoup de demandes d’information de la part d’employeurs bulgares désireux d’offrir du travail à des réfugiés ukrainiens, dit le vice-ministre du Travail et de la Politique sociale. Ivan Krastev pense également que les enfants ukrainiens fuyant la guerre ont besoin d’un suivi psychologique, mais pour leur accorder ce type d’aide l’Agence nationale à la protection de l’enfance exige qu’ils aient le statut de réfugié. Même chose pour la scolarisation de ces enfants.

Les réfugiés affirment cependant qu’ils ont du mal à obtenir des informations sur la marche à suivre pour de telles procédures.

« Les gens viennent ici et ne peuvent pas nous contacter, parce qu’ils n’ont pas de cartes de téléphonie mobile et ils ne peuvent pas dépenser d’argent, parce que personne n’accepte les devises ukrainiennes » , note Ivan Tochev de l’Association nationale des PME. Lui et d’autres chefs de PME aident de façon désintéressée les réfugiés, leur procurant le transport, le gîte et le couvert. Mais ils ne sont pas en mesure d’envoyer de l’aide humanitaire aux gens restés en Ukraine. « Il nous faut un centre de coordination qui œuvre à cela et c’est du ressort de l’Etat », indique-t-il.

Un tel centre de coordination est bien prévu à Bourgas et il devrait commencer à fonctionner d’ici la fin de la semaine. C’est précisément sur le littoral bulgare de la mer Noire qu’on trouve actuellement le plus de réfugiés ukrainiens.

« Le but est de réunir en un seul endroit toutes les institutions concernées pour l’accueil des réfugiés d’Ukraine », dit le préfet de la région de Bourgas Stoyko Tanov. Il lance un appel à tous les ministères, agences d’Etat et entreprises du secteur public de mettre leurs sites de vacances destinés à leurs employés à la disposition des réfugiés ukrainiens. Chose qu’ont déjà faite la Radio nationale bulgare, la TV publique et l’Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid ».

Version française : Christo Popov

Photos : BGNES