Depuis 11 ans, le Réseau national pour les enfants publie un rapport intitulé “Bulletin de notes : quelle est la mention de l’État en matière de soins pour les enfants ?” La barre de 3/6 ou "passable" selon l’échelle de notation bulgare qui va de 2 (faible) à 6 (excellent), n’a toujours pas été dépassée. De l’espoir il y a quand-même du moins pour les optimistes, car la note a passé de 3,09/6 en 2021 à 3,18 en 2022.

“Bulletin de notes” est le seul rapport indépendant de ce genre sur l’avancée de la politique visant les enfants. Il est basé sur les données et l’analyse de différents domaines relevant de l’enfance, tels le bien-être, l’environnement familial, la protection contre la violence, la justice, le développement de la petite enfance, la santé pédiatrique, l’enseignement, le sport, la culture et les loisirs. La note obtenue témoigne de la détermination du gouvernement de trouver une solution aux problèmes, toutefois les démarches entreprises sont insuffisantes et incohérentes ce qui fait qu’il n’y ait pas de résultat apparent.

Le rapport est réalisé par 30 experts et 7 évaluateurs externes, cependant des enfants, des jeunes, des parents et des professionnels ont aussi donné leurs avis. A part les constats, le rapport contient des recommandations. En 2022 encore, les experts soulignent l’absence d’une stratégie directrice des politiques de l’enfance, le taux élevé de précarité chez les enfants, l’absence d’un système unifié d’enregistrement des cas de violence envers les enfants, un problème toujours plus pressant, l’inégalité quant à l’accès à l’enseignement aggravé par la pandémie,le manque de focalisation sur les soins pédiatriques…

“Cela fait déjà 11 ans que nous évaluons les politiques de l’enfance et toutes ces années nous n’avons pas dépassé la note de 3/6. Les données annoncées par l’Institut national de la statistique font froid dans le dos : le nombre des enfants en Bulgarie a été réduit de moitié depuis 1992. Cela n’aurait pas été le cas si nous avions mené des politiques adaptées,” a déclaré le directeur exécutif du Réseau national pour les enfants Guéorgui Bogdanov lors de la présentation du rapport.

La pire des notes donnée par les experts, 2,98/3, concerne le domaine du “Sport, culture et loisirs”. A leur avis, “on ne se sert toujours pas de la culture et de l’art comme de moyens éducatifs. Il n’y a pas de politique générale sur le développement du sport et des clubs de sport d’enfants dès le plus bas âge, le même vaut pour les conditions de sport et des jeux à l’intérieur et à l’extérieur surtout dans les petites agglomérations et le centre-ville des grandes villes “.

La meilleure note est attribuée à l’enseignement : 3,65/6

D’après le rapport, la Bulgarie est parmi les pays où le taux de précarité des enfants et le plus élevé : un enfant sur trois en Bulgarie (36,2%, soit 440 000 mineurs) est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale. Les cas d’agression d’enfants sont de plus en plus nombreux et suscitent une importante couverture de la part des médias, cependant il n’a pas assez de services spécialisés proposés aux enfants qui ont été victimes de violence. On met l’accent sur les punitions, pas sur la prévention et le soutien.

Lessoinspédiatriques sont de même soumis à des critiques. L’absence de stratégie pédiatrique et de ciblée régionale des politiques sanitaires en quête de solution des problèmes associés à l’accès aux soins médicaux, le taux élevé de mortalité chez les enfants et la fragilité de certains groupes est également mis en avant. Les soins médicaux pour les maladies rares et chroniques sont dispensés prioritairement dans la capitale et les grandes villes. Nombre d’enfants ne sont pris en charge que quand leur santé s’est considérablement dégradée.

“On nous a souvent fait le reproche de mettre des notes trop basses, de ne pas prendre en considération les efforts faits par le gouvernement dans certains domaines. Non, c’est nous qui avons la plus grande envie de constater une bonne performance, néanmoins quand il n’y a point d’avancée ou bien nous constatons un déclin pour une raison ou une autre, nous ne pouvons pas donner de bonnes notes,” a expliqué sur RNB Plaména Nikolova, la directrice des "Politiques pour les enfants" du Réseau national pour les enfants.

Il est grand temps de réaliser les réformes clé et le gouvernement doit travailler en vue de l’avenir et la prospérité de nos enfants pour ne pas les laisser se heurter à des rideaux de fer, soulignent les experts.

Version française : Maria Stoéva

Photos : Réseau national pour les enfants, BGNES