En Bulgarie, on connaît bien les principales plantes à vertus curatives et comment s’en servir pour préparer une tisane et se soigner. Le pays possède un environnement extrêmement riche et varié et une grande variété de plantes médicinales. D’après les botanistes, il existe quelques 3600 espèces, dont environ 700 sont utilisées à des fins médicales, 300 étant récoltées régulièrement. La Bulgarie figure parmi les pays où les plantes médicinales sont d’une excellente qualité. Cependant, la production qui s’élève à à peu près 15 000 tonnes, est majoritairement exportée. 80% du rendement annuel est destiné à l’étranger, essentiellement les USA et l’Europe de l’Ouest.

Aller dans la nature et récolter des plantes médicinales est une tradition ancienne bulgare qui est sur le point de s’éteindre, estime Dessislav Dionissiev, directeur exécutif d’une grande société de production de plantes à vertus médicinales connue sur les marchés bulgares et internationaux.

“La végétation à vertus curatives n’est pas sans importance pour l’agriculture. C’est pourquoi nombre de pays de l’UE s’investissent dans la production et notamment la cultivation de plantes médicinales,” a-t-il indiqué à Radio Bulgarie.

“Il n’y a qu’une seule façon de ranimer l’intérêt pour la production de plantes médicinales et aromatiques : payer les cueilleurs à temps pour qu’ils n’abandonnent pas leur occupation puis que c’est un travail ardu. Il y a des endroits en Bulgarie où cela est le gagne-pain principal de la population. Vu le dépeuplement des villages, il est impératif de soutenir cette activité pour éviter l’exode de la population. Bientôt il n’y aura qu’une dizaine de villes habitées. Les villages seront complètement déserts. J’insiste depuis 30 ans pour qu’on prenne cette filière au sérieux comme elle est indispensable pour les villages mais personne n’y a prêté attention et je doute que quelqu’un tienne compte de ce que je dis maintenant.”

Personne en Bulgarie ne s’intéresse à la production de plantes médicinales. C’est l’avis de Dessislav Dionissiev. Il fait encore remarquer que son entreprise paie de lourds impôts pour pouvoir utiliser des produits naturels et pourtant ces taxes ne sont pas investies dans le développement du secteur. Il faut également former les cueilleurs qui sont tenus de connaître les centaines de plantes médicinales répandues en Bulgarie. Certaines sont en fait cultivées ce qui permet d’obtenir de plus grandes quantités et d’exercer un meilleur contrôle sur leur qualité.

“On cultive principalement de la mélisse, de la menthe, du chardon-marie, de la guimauve officinale, du thym, soit entre 5 et 10% de toutes les plantes médicinales et aromatiques récoltées en Bulgarie,” précise Dessilav Dionissiev.

“A l’échelle mondiale, les exigences de qualité sont de plus en plus strictes. Nous faisons des efforts titanesques afin d’être compétitifs et nous en tenir aux niveaux internationaux. Nous exportons des plantes médicinales en vrac. Une fois achetées des récoltants, les plantes sont longuement séchées et transformées avant d’être exportées. Environ 200 personnes sont embauchées dans l’entreprise du côté bulgare et 15 personnes en Pologne. Une société de 30 personnes aux États-Unis travaille pour notre entreprise. A part ces emplois, nous offrons un gagne-pain à tous ceux qui cultivent, produisent ou récoltent les plantes à propriétés médicinales. Il ne s’agit pas que d’un travail saisonnier, il occupe toute l’année. Nous ne sommes pas inconnus aux États-Unis, les grandes entreprises en Europe nous connaissent également. Pour avoir du succès, il n’est pas nécessaire de faire de la publicité, ce qui importe est de bien faire son travail.”

Edition : Gergana Mantchéva

Version française : Maria Stoéva