En ce 15 septembre, jour de la rentrée scolaire en Bulgarie, et peu après la Journée mondiale de l’alphabétisation, célébrée le 8 septembre, il convient de poser une fois de plus la question de savoir si nous sommes les maîtres des mots ou bien si c’est eux qui nous dominent. Comme proclamé par l’UNESCO, l’éducation est au cœur de la culture de la paix, les libertés fondamentales, la meilleure compréhension du monde, le réglement pacifique des conflits et la non-violence. Nous pouvons nous demander en ce temps de guerre à quel point la crise de l’enseignement contribue à l’histoire que nous sommes en train d’écrire. Selon l’ONU, l’analphabétisme concerne 780 millions de personnes à travers le monde, soit une personne sur 5, 75 millions d’enfants ne vont pas à l’école et un nombre encore plus considérable d’élèves s’absentent des cours ou bien décrochent de l’école. Ces tendances ont été confirmées par le dernier rapport de la Commission internationale de l'éducation et UNICEF qui a constaté que presque la moitié des jeunes bulgares âgés de 15 à 24 ans étaient privés des facultés de base indispensables à l’enseignement secondaire.
Selon les données d’EUROSTAT, en 2021 14 % des jeunes en Bulgarie ne suivaient aucun enseignement ni aucune formation et n'avaient pas d'emploi. Cette statistique est complétée par une étude du Ministère de l’Education nationale de la même année établissant que 120 000 enfants en âge scolaire sont menacés de décrochage. Les enseignants, majoritairement en âge avancé, ont du mal à capter l’attention des enfants de l’ère numérique, les savoirs théoriques enseignés à l’école étant loin de la vraie vie au XXI siècle. D’ailleurs, malgré l’usage quotidien de contenus numériques, le constat sur le niveau intellectuel en Bulgarie ces dernières décennies reste peu optimiste. Est-ce que la politique a à voir avec nos capacités d’expression et l’analphabétisme est-il un fléau générationnel : ce sont les questions que nos confrères de RNB Vidin ont posé à la linguiste Pavlina Varbanova, spécialiste en langue bulgare et fondatrice d’une plateforme d’orthographe qui date déjà de dix ans.
“A mon sens, notre niveau d’éducation est devenu plus visible grâce à internet qui nous offre la possibilité de publier nos propres contenus. Certes, il peut s’agir de vidéos, toutefois nous publions souvent des textes qui dénoncent notre degré de maîtrise de la communication par écrit.”
Dans la mesure où chaque période de l’histoire de l’humanité laisse son empreinte sur le langage et sur l’écriture, le lexique change vite, en subissant l’impact des événements politiques en Bulgarie et dans le monde, estime la linguiste. Malheureusement, le laxisme linguistique des dirigeants politiques affecte aussi la société.
“Je dirais que les règles de ponctuation et d’orthographe bulgares posent pas mal de pièges. J’entends toutes ces règles, règles mineures, exceptions, détails que ne connaissent que les experts, les éditeurs, les correcteurs et – j’ose l’espérer – les journalistes. L’orthographe bulgare est souvent contextuelle, elle change selon le sens ou la fonction du mot dans la phrase. Je voudrais que ceux qui ne sont pas des linguistes soient plus attentifs afin d’éliminer les fautes d’orthographe les plus importantes qu’ils commettent. Cela est faisable et ne dépend que de leur propre volonté.”
Les expressions argotiques et les mots étrangers qui se sont introduits dans le vocabulaire des jeunes ne sont pas quelque chose de mauvais en soi, considère Pavlina Varbanova. Ils sont indissociables de l’existence dans un monde libre et ouvert. “Le problème vient de l’incapacité de communiquer dans une autre situation langagière. Cela nous emmène à la défaillance de l’enseignement linguistique, ” précise-t-elle.
“Nous avons basé l’éducation sur des fondements théoriques qui n’ont rien à voir avec nos besoins langagiers actuels. L’objectif des cours de bulgare est de présenter un système clair de la langue bulgare. Aucun effort n’est fait pour enseigner l’essentiel que l’on doit maîtriser, une fois les études secondaires terminées : la bonne expression dans la langue maternelle en fonction du contexte et l’alternation des codes. On ne parle pas de la même façon avec nos camarades, dans une situation officielle, en s’adressant aux institutions ou bien en rédigeant un document. L’enseignement doit se focaliser sur ces aspects pratiques. Je parle en tant qu’autrice de manuels de bulgare. Je connais bien les programmes scolaires établis par le ministère de l’Education. Nous essayons avec mes collègues d’être utiles aux élèves en vue de l’usage pratique du bulgare afin de développer leurs capacités à se servir de leur langue maternelle.”
Cette langue qui fait partie de notre identité nationale et culturelle et qui constitue le fondement de tout le reste. “L’aspiration à une meilleure maîtrise de la langue témoigne du respect qu’on a pour soi,” ajoute Varbanova. Notons de notre part que la vraie société civile repose sur des individus libres qui ont du respect pour eux-mêmes.
Edition : Vesséla Krastéva
Version française : Maria Stoéva
Photos : unicef.bg, EPA/BGNES, archives
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