Le 3 mars a débuté la 5^e campagne pour des législatives anticipées au cours des 2 dernières années. Les tentatives échouées de formation d’un gouvernement régulier, ainsi que les divergences liées aux amendements du Code électoral autorisant un vote mixte dans des bureaux de vote avec plus de 300 électeurs ont fait augmenter le scepticisme des Bulgares quant à la transparence du processus électoral. Tels sont les constats d’une étude sociologique effectuée par l’Institut de sondage « Exacta » réalisée dans la période du 30 janvier au 4 février sur un panel de 1050 Bulgares majeurs dans 70 villes et villages.

Selon l’étude, un sondé sur trois pense que les Bulgares ne se déplaceront pas pour aller voter car déçus, méfiants et fatigués de la fréquente tenue d’élections.  Un Bulgare sur 5 en veut de plus en plus à la classe politique, le démotivant d’aller voter. D’autre part, 14% des personnes enquêtées déclarent que les Bulgares ne votent pas car ayant du mal à choisir leur parti politique préféré, alors que 13% ne croient plus que les législatives puissent remédier à la situation difficile dans le pays, tout comme elles ne sont pas en mesure d’améliorer leurs conditions de vie. Dans le même temps, 7% des sondés sont d’avis que la méfiance à l’égard de l’honnêteté du vote se renforce, les législatives anticipées risquant d'être manipulées et prédéterminées, ce qui prive de sens le vote-même. 7% des compatriotes ont du mal à voter à la machine doutant de la crédibilité de ses résultats à la fin de la journée du vote.

"Je suis très déçue de tous. Je constate que les politiques ne pensent qu’à eux-mêmes et seulement après aux gens. D’après moi, le peuple devrait toujours venir en premier" – a déclaré une Bulgare de la région du Rhodope.

«"Cela fait deux ans que j’ai arrêté de m’intéresser à tout ce qui est politique et je pense que cette fois-ci je n’irai pas, non plus, voter. J’ai tout vu et entendu et je ne serai certes pas la personne en mesure de désigner un parti qui vaut la peine qu'on vote pour lui" – est catégorique un homme d’âge moyen de la capitale.

A la question de savoir à quel point les débats électoraux pourraient aider les électeurs potentiels à décider pour qui voter, un autre Sofiote ajoute :

"Je ne pense pas que les débats avant le vote soient si importants dans la mesure où d’habitude les politiques mettent l’accent sur l’art oratoire et le charisme et pas vraiment sur la plateforme concrète du parti qu’ils représentent. Les scandales ne nous sont pas, non plus, épargnés, ce qui n’a rien à voir avec le processus politique et les problèmes des gens."

La lassitude que manifestent les électeurs potentiels est bien sensible et justifiée, est de son côté convaincu l’enseignant en communications publiques de la Nouvelle Université Bulgare (NUB), le professeur Rossen Stoyanov.

"J’en ai marre de voir les électeurs s’opposer les uns aux autres et ne voter que pour rendre plus forte la tension au sein de l’espace politique. Il est pourtant possible que les grands acteurs se réjouissent du faible taux de participation au vote car retirant ainsi de dividendes politiques des noyaux durs des différents partis qui sont facilement accessibles et manipulables".

"Ce qu’on constate en ce moment c’est que les principaux partis politiques orientent leurs messages justement vers les noyaux durs – indique de son côté le politologue Milen Lubénov– Pour qu’un parti gagne vraiment les législatives, il doit trouver des messages lui permettant d’attirer les personnes indécises, ainsi que celles qui se sentent déjà très déçues par les partis et les politiques en général et non pas par le processus politique lui-même. Les partis qui souhaitent vraiment gouverner le pays devraient aspirer à un taux plus élevé de participation aux élections".

Il nous reste 26 jours pour voir comment la campagne électorale va évoluer et si elle contribuera à une représentation digne des Bulgares au sein la 49^e législature de l'Assemblée nationale.

Edition: Yoan Kolev

Version française : Nina Kounova