Alfatar est une agglomération très ancienne située dans le Nord-Est de la Bulgarie qui apparaît dans les chroniques du 16 siècle sous l’appellation Ahlatar et même Iflatar. Son patrimoine et ses monuments historiques et culturels attirent les chercheurs et attisent la curiosité des touristes.

Deux forteresses byzantines et deux châteaux forts médiévaux bulgares entourent la ville actuelle d’Alfatar. La cinquième plus grande forteresse du Premier royaume bulgare (681 – 1018) s’élevait à proximité du village Tsar Assen, nous apprend le professeur Guéorgui Atanassov dans un entretien accordé à Nezabravka Kirova, correspondante de la RNB à Silistra. Selon cet historien, la forteresse du village Tsar Assen était équipée d’infrastructures urbaines, 4 églises et une citadelle et s’étendait sur 4,5 hectares.

"On y a découvert l’exceptionnelle inscription en glagolitique du moine Manassès. Et en outre, de nombreuses nécropoles, des agglomérations romaines et médiévales. Les visiteurs peuvent découvrir le sanctuaire rupestre à côté du village Koutlovitsa. Deux rivières passent par la région d’Alfatar, Kanagyol et Petit Kanagyol appelé aussi Taban. C’est là, entouré de phénomènes naturels exceptionnels que se trouve le sanctuaire, à l’entrée d’un grand centre cultuel thraco-romain consacré à Zalmoxis (une figure religieuse de l'antiquité thrace).

Le long de Kanagyol, il y a une cinquantaine de monastères rupestres datant de la fin du IXe, début du Xe siècle qui ont été abandonnés au commencement du XIe siècle, nous apprend le Prof. Atanassov en ajoutant :

"Les deux monastères rupestres situés dans le canyon de la Rivière aride, non loin d’Alfatar, sont tout à fait accessibles et signalés par des panneaux explicatifs. Une des églises, qui est immense, n’a pas été terminée probablement à cause des invasions des Petchénègues qui ont forcé les moines, tout comme les habitants de la forteresse à côté, à quitter les lieux. Les visiteurs peuvent découvrir l’intérieur et l’extérieur authentique tel qu’il était au Xe siècle avec des dizaines de dessins, signes et graffitis de l’époque. A proximité du village Tsar Assen, il avait en effet de grands groupes de monastères rupestres avec leur propre organisation monastique."

Une partie de la population qui avait fondé l’actuelle ville d’Alfatar a quitté la région lors de la Guerre russo-turque. Ces réfugiés habitent aujourd’hui en Ukraine, explique Guéorgui Atanassov. De nos jours, l’emblème de la ville est l’Eglise de la Sainte Trinité.

Les temps troubles de la Guerre de Crimée et la peste qui faisait rage ont amené les habitants du village à le fortifié, y compris de manière symbolique. On en trouve toujours les vestiges.

"Ils ont placé d’énormes croix en pierre aux quatre coins d’Alfatar afin de repousser la maladie et l’on entouré de barrages de ronces doublé d’un faussé pour empêcher à la peste d’y entrer. Les croix existent toujours. On peut même voir les vestiges des barrages. " 

Selon certains, le nom d’Alfatar désigne une "porte d’or" ou une entrée par la Dobroudja vers l’intérieur de l’Empire ottoman, la deuxième version étant plus plausible selon Guéorgui Atanassov, car les habitants des villages au bord du Danube, Vétren, Srébarna et Popina, fuirent vers le Sud lors des batailles entre les garnisons ottomanes et le prince de Valachie Vlad III l’Empaleur.

• Le labyrinthe rocheux près du village de Kranovo est accessible aux touristes par un nouveau sentier écologique

Edition : Vénéta Nikolova (propos recueillis par Nezabravka Kirova, corresponde de la RNB à Silistra)

Version française : Maria Stoéva