40 jours avant Noël, les chrétiens orthodoxes entament le Jeûne de la Nativité, une période de carême et de pénitence en préparation de la Nativité du Christ célébrée le 25 décembre. Comme l'avent dans l'Église romaine, le jeûne de la Nativité prépare les fidèles à la célébration de Noël. Le jeûne de 40 jours devient une pratique courante au XIIe siècle en l’honneur de la naissance du Sauveur. Avec cette purification, les chrétiens se préparent à accueillir le Fils de Dieu, avec un cœur, une âme et un corps purs. Mais selon les religieux, le strict respect du jeûne alimentaire n’est pas le plus important. L’homme doit montrer par ses actes sa pénitence sincère et demander pardon pour les péchés volontaires et involontaires qu'il a commis.
Le carême est un temps de pénitence, de prière et de partage. A la veille de Noël, c’est la période de l’Avent qui s’installe et qui célèbre le triple avènement du Christ : sa naissance à Bethléem, il y a deux mille ans, sa venue dans le cœur des hommes de tout temps et son retour glorieux à la fin des temps. Une référence au passé, présent et futur qui ponctuent la vie de chaque être humain. Pour les chrétiens, le temps de l’Avent est un temps de conversion, d'attente et d’espérance. Et même si au XXIe siècle, les traditions ne sont plus aussi strictement respectées, 6 semaines avant la nativité du Christ, les chrétiens orthodoxes entrent dans cette période d’abstinence et de jeûne plus ou moins strict qui limite traditionnellement la consommation d'aliments carnés, d'œufs, de poisson, d'huile et de vin.
Le jeûne a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa parole. Il n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage et à l’aumône. Et à ce propos Jean Chrysostome a bien trouvé les mots : "Le jeûne ne se réduit pas au simple refus de consommer gras, c’est une pratique qui tend à nous éloigner des mauvaises tentations. Fuir les injustices, pardonner à son prochain, effacer même les dettes de son prochain - tel est le sens de ce moment de communion avec Dieu". Jean Chrysostome est aussi appelé Jean Bouche d'or à cause de son éloquence. Dans la tradition bulgare, le jeûne sublime les visions païennes et chrétiennes à la fois du monde, qui se complètent harmonieusement et qui confèrent au dogme strict et sévère une couleur populaire, empreinte de douceur.
La rupture du jeûne est un mauvais signe, qui fait revenir au grand galop les complications, la misère et les malheurs dans la vie.
Dans les traditions bulgares, le jeûne a une double signification – pratique et spirituelle. S’abstenir de consommer un produit pour porter sa pensée vers les valeurs immatérielles, invisibles même, donne des forces et une résistance à toute épreuve de l’être vivant. Depuis la nuit des temps, les humains ont compris leur impuissance devant les phénomènes naturels. Mais ils ont aussi réalisé que leur seule arme est la force de l’esprit. Le jeûne est considéré comme un acte de sacrifice personnel qui nous rend plus forts à travers les épreuves, et qui élève notre pensée. Il fût un temps où l’on disait que la période d’abstinence engendrait les vices. Que nenni ! A notre époque, où les valeurs chrétiennes sont chaque jour remises en question, les prêtres conseillent d’observer périodiquement le jeûne et l’abstinence, histoire de ne pas perdre l’humanité, de purifier son âme, et de revenir aux valeurs fondamentales de notre existence, totalement obnubilée par les hautes technologies et le culte de l’urgence et de l‘instantanéité...
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