Un enfant bulgare sur quatre grandit sans ses parents, parce qu’ils travaillent à l’étranger. Cette statistique alarmante a été dévoilée par l’eurodéputé Pétar Vitanov à la conférence "Conséquences sociales de la mobilité européenne : les enfants restés à la maison". Vitanov se réfère à des données de l’Académie bulgare des Sciences indiquant que le problème est encore plus grave dans certaines régions du pays comme le Nord-Ouest où ce sont 60% des mineurs qui sont laissés aux bons soins de leurs grands-parents ou autres membres de la famille ou même de voisins pendant que leurs parents travaillent au-delà de nos frontières.
Le député européen a souligné que ces enfants sont soumis à de nombreux risques, liés aussi bien à leur comportement pendant qu’ils grandissent qu’à leur future motivation une fois atteint l’âge adulte. Les mesures à prendre sont connues, mais leur mise en application est une autre affaire, commente Pétar Vitanov au micro de RNB-Vidin :
Il y a des régions entières où ces enfants sont plus de 50%. Il ne fait aucun doute que les grands-parents adorent leurs petits-enfants, mais ils ne peuvent probablement pas répondre à leurs attentes. Selon des spécialistes ce phénomène entraîne des séquelles diverses chez les enfants. Leurs résultats scolaires en souffrent. Beaucoup d’eux s’adonnent à la délinquance, à la violence, à l’alcool et aux stupéfiants. Certains de ces enfants n’ont pas de problèmes financiers, mais l’argent ne peut pas compenser leurs autres manques. Une fois adultes, bon nombre d’entre eux ne veulent pas évoluer et c’est une des raisons de la part élevée des jeunes adultes de moins de 25 ans en Bulgarie qui refusent de travailler ou de faire des études.
Le Nord-Ouest de la Bulgarie est la région la plus pauvre de l’UE et une de celles où ce problème est le plus évident. Une des mesures les plus logiques pour le résoudre serait d’améliorer le niveau de vie des gens.
Il existe des données d’après lesquelles si la rémunération moyenne en Bulgarie atteint 70% de la moyenne européenne, l’émigration cessera d’elle-même. Nous en sommes à 55%, donc il faut accélérer la convergence des revenus, dit Pétar Vitanov qui estime que l’État doit encourager l’activité économique dans certaines régions.
Nous savons qu’un enfant sur quatre est élevé par d’autres membres de sa famille que ses parents, mais il n’y a pas de données où se trouvent ces enfants et qui ils sont afin qu’on puisse leur apporter le soutien nécessaire, dit Plaména Nikolova, experte au Réseau national pour les enfants :
Ceux qu’on appelle les euroorphelins, les enfants de parents travaillant à l’étranger, deviennent un groupe de plus en plus grand et en même temps anonyme. Ce sont des enfants qui n’entrent pas dans les définitions habituelles d’enfants en situation de risque ou d’enfants nécessitant un soutien spécifique, mais c’est exactement ce qu’ils sont. A cause du système mal formulé et mal élaboré, il s’avère que s’ils souhaitent placer leur enfant sous la tutelle d’un autre membre de la famille, ses parents doivent littéralement renoncer à leurs droits parentaux, ce qui fait peur aux gens. C’est pour cela que très souvent les enfants restent sans suivi médical.
« Lorsque les parents partent à l’étranger, ils quittent le milieu familial. L’absence de la mère et du père est vécue et comprise par l’enfant en bas âge comme une désintégration, un effondrement de la famille », note le psychologue Kiril Kountchev. Il recommande aux parents qui prévoient d’être absents pour une période plus ou moins longue de consulter un expert qui aidera l’enfant à surmonter le traumatisme et réduire l’impact des problèmes découlant d’un tel bouleversement de sa vie.
Crédits photos: Service de presse de Pétar Vitanov, Réseau national pour les enfants
Édition : Yoan Kolev, sur un reportage de Théodora Makavééva de RNB-Vidin
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