Il y a à peine un mois, l'Église russe de Sofia, dédiée à Saint Nicolas de Myre, a accueilli son nouveau supérieur, l'archiprêtre Vladimir Tishchuk. Comme son grand-père et son père, lui aussi est devenu prêtre et depuis son enfance, avec ses frères, il a officié en l’église de la ville de Vladimir, en Russie, où il est né en 1963. Il appartient à ce qu'on appelle le "clergé blanc" qui doit être marié avant l'ordination.
Encore jeune prêtre, il a été envoyé à New York, aux États-Unis, où il a servi pendant 10 ans dans l'église orthodoxe russe Saint Nicolas et où sont nés ses deux enfants. Ensuite, pendant 22 ans, jusqu'à son arrivée en Bulgarie, il a été prêtre de l'église russe de Vienne, dont le patron de même est Saint Nicolas. Son épouse, Olga Vladimirovna, est médecin et pédiatre à l'école russe de Vienne. Son fils Alexandre a suivi la vocation de sa mère et travaille déjà comme chirurgien dans un hôpital viennois, tandis que sa fille Tatiana est biotechnologue. Son arrivée dans notre pays comme supérieur de l’église russe est inattendue pour le père Vladimir. Pendant toutes ces années à Vienne, il s'est attaché à ses paroissiens, et eux à lui car au sein de l’église orthodoxe ils sont tous comme dans une grande famille. Malgré la peine de la séparation, la rencontre avec les croyants bulgares a été émouvante. D'une part, les récits sur l'Église russe des Bulgares de sa paroisse viennoise l'ont en quelque sorte préparé à son arrivée.D'autre part, ce sont les souvenirs si chers depuis son enfance, de l’époque où son père servait dans cette même église dans les années 70 du siècle dernier, qui réapparaissent. De plus, en Bulgarie, c’est à nouveau saint Nicolas qui veille sur lui. En effet, comme il le note lui-même, de nombreuses églises à travers le monde sont sous la protection de Saint Nicolas, et il se rend compte que sa vie est liée au saint depuis qu'il est prêtre à l'étranger.
Alors qu'il était à New York, un homme étrangement habillé est venu à l’église et a commencé à l'interroger sur Saint Nicolas. A son tour, le Père Vladimir était gêné de ne pas pouvoir donner de détails sur la vie du saint. Malgré cet embarras, le visiteur ne cessait de sourire et de répéter "Santa Nikola", "Santa Nikola"...
"A ce moment là, un changement s'est produit dans mon âme – se souvient le Père Vladimir, dans une interview pour Radio Bulgarie. – Je me suis rendu compte qu'il était un saint important pour chaque personne. Vous savez, Saint Nicolas n'a pas écrit un seul livre, nous ne connaissons pas ses sermons. Il est représenté dans iconographie orthodoxe avec un évangile à la main, et l'évangile c’est la source de la vérité du Christ. Grâce à sa misericorde, il guide vers Dieu de nombreuses personnes. Il ne se contente pas de répondre aux demandes de ceux qui sont dans le besoin, mais il les cherche lui-même pour les aider. La plupart d’entre nous, quand nous voyons quelqu’un mendier, nous nous demandons s’il mérite vraiment l’aumône ou s’il s’agit d’un imposteur. Nous l'observons attentivement avant de l'aider, à la différence du saint qui savait d'avance à qui venir en aide. Il a aidé tant de gens. Dieu lui a donné la grâce d'aider, et c'est précisément le sermon le plus puissant : la bonté et la miséricorde.
Jusqu'à présent, le père Vladimir célébrait la fête de SaintNicolas deux fois par an, selon le calendrier julien : le 22 mai, lorsque ses reliques sont amenées à Bari, et le 19 décembre, lorsque le saint s’est présenté devant Dieu. En Bulgarie, en raison des différences entre les célébrations selon les calendriers julien et grégorien, la fête du saint est célébrée quatre fois à l'Église russe, et le Père Vladimir perpétuera volontiers cette tradition :
"À Vienne, nous avions l'habitude d'offrir des cadeaux aux enfants à l’occasion de cette fête, et tous ceux qui assistaient à la prière recevaient un cadeau de Saint Nicolas. C'était juste un petit geste: du chocolat, des fruits, et cela me semblait être une merveilleuse tradition. Je ne sais pas si nous pourrions le faire ici aussi, mais j’aimerai bien. Ce serait merveilleux ! Nous croyons que le saint aidera toujours cette église, mais cela dépend aussi de nous. Si notre main est ouverte pour aider notre proche, il nous aidera lui aussi. Si nous oublions sa charité et cessons de le suivre, il pourrait cesser à son tour de nous aider.
Pour le Père Vladimir, officier en l’Église russe de Sofia est à la fois une joie et une responsabilité, en raison de l’amour des Bulgares pour ce lieu béni. Les grandes fêtes chrétiennes continueront à être célébrées selon les calendriers julien et grégorien, car la différence ne doit pas séparer les gens et les empêcher de venir honorer Saint Nicolas. A la fin de notre entretien cordial et chaleureux, le Père Vladimir s'est adressé aux orthodoxes de notre pays : soyez les bienvenus les jours fériés comme tous les autres jours !
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