Le jour de la crucifixion de Dieu est un moment de profonde tristesse pour les chrétiens, le seul où une sainte liturgie n'est pas célébrée. Pas non plus de sainte communion, car Dieu s'est sacrifié par la mort sur la Croix de son fils.
Dans les offices religieux orthodoxes, le Vendredi Saint est doté d’une symbolique particulière et d’une ferveur intense. L’existence humaine, depuis la naissance jusqu’à la mort est semée d’embûches. Chacun de nous passe par une période de catharsis, qu’elle soit personnelle, familiale, sociale, financière, politique ou professionnelle…Nous menons un perpétuel combat de survie, d’auto-défense, de remise en question. Et lorsqu’un tel bouleversement social se produit, on se sent dépassé par les évènements…
Le silence s’installe dans le cœur des fidèles qui se livrent à une introspection et une remise en question. La tête basse, ils se tournent vers Dieu avec humilité et gratitude, face au sacrifice de Jésus, l'Agneau de Dieu, qui établit le sacrement de l’Eucharistie, remplaçant le sacrifice de l’Ancien Testament.
En Bulgarie le Vendredi Saint est un jour férié et les fidèles se pressent aux portes des églises. Tôt le matin avant l’office des "Heures royales" ( Matines du Grand Vendredi), est installée la "tombe" fleurie du Christ, devant le Crucifix sorti le Jeudi Saint. A la fin de la cérémonie, les prêtes sortent de l’autel l' Epitaphios /un élément liturgique en tissu précieux sur lequel est brodée la scène de la Mise au tombeau du Christ, et qui rappelle le linceul/ et le posent dans le Sépulcre, catafalque qui symbolise le Tombeau du Christ. Puis, c'est au tour des fidèles qui, empreints d'humilité et de repentir, passent sous l'Epithafios.
Nous avons rencontré une théologienne, Alexandra Karamihaléva, qui nous donne des détails sur un des rituels accomplis le Vendredi Saint :
"Il s’agit de s’accroupir ou s'agenouiller pour pouvoir passer sous table recouverte de l’épitaphios. C’est un acte symbolique par lequel nous entrons avec Jésus dans le Tombeau et mettons une croix sur notre existence vénale, dictée par l’égoïsme, la cupidité, la colère et la jalousie. En nous recueillant devant la Croix, nous ressortons de l'autre côté plus forts et animés par l’amour et la foi dans les commandements de Dieu."
Et justement Aimer Dieu et son prochain est un des commandements majeurs. Crucifié entre deux brigands, le Sauveur implore Dieu à pardonner à ses tortionnaires. Et justement, c’est à ce moment-là qu’il est reconnu d’un des brigands qui implore son pardon :
"Cet acte est un message très fort pour chacun de nous. Il vient nous assurer que tant que nous sommes en vie, l’espoir ne meurt pas, et nous incite à racheter nos péchés, poursuit son récit Alexandra Karamihaléva. – Il est de notre devoir de reconnaître Jésus-Christ comme un Dieu et notre Sauveur. Le louer tel qu’il est et demander pardon pour tous nos griefs commis. Tel le brigand malveillant qui commet des crimes, qui pille, tue et saccage, mais qui, au contact de Dieu réalise en toute humilité qu’il mérite ses souffrances et sa punition".
C’est un des enseignements de Dieu, qui nous exhorte à être très attentifs et prudents, même dans nos pensées et ne pas juger trop vite les autres, même quand nous voyons de nos propres yeux qu’ils sont fautifs….
"Notre attention doit être concentrée sur chaque mouvement qui anime notre âme, mais dans tous les cas, nous devons avoir une attitude bienveillante à l’égard de notre prochain"
"En fait, Jésus-Christ est notre correctif et notre principal repère dans la vie. Le seul exemple que nous devons suivre... A chaque instant de notre existence, nous devons nous demander ce que Jésus aurait fait à notre place. Lui, qui nourrit un amour inconditionnel à l'égard de tous les humains, qu'ils soient bons ou mauvais, et qu'il couvre de miséricorde, générosité et pardon. C'est notre modèle à suivre qui nous intime à être chaque jour encore meilleurs, plus proches de lui..."
Crédit photos : bg-patriarshia.bg, BGNES
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