Certaines pièces de musée pourraient-elles être des faux exécutés avec une telle maestria qu’on les confond avec les originaux ? Les questionnements et spéculations à ce sujet abondent et nous avons à présent toute une exposition de contrefaçons et de faux historiques venue de Bruxelles au Musée national d’Ethnographie de Sofia. La Maison de l’histoire européenne de la capitale belge est à l’origine de l’exposition « Fake (f)or Real – Faux (p)ou(r) vrai. Une histoire du faux et de la contrefaçon ».
Cette exposition nous apprend que les fake news et autres désinformations ne datent pas d’hier. On peut y avoir un article de presse annonçant la découverte d’un vaccin contre l’autisme ou bien une série de « faits » inventés sur la princesse Diana. Tout est présenté de façon interactive, des films montrent des histoires passées sous silence et des exemples de propagande internationale. Le visiteur se pique au jeu de démêler le vrai du faux en participant à des expériences et des tests qui l’aident à distinguer les pièces authentiques des contrefaçons. Il y a également bon nombre d’exemples d’imitations de grandes marques bien connues des citoyens européens.
Et si les fausses informations ou les objets en toc causent des préjudices relativement mineurs, la falsification d’objets du patrimoine historique et culturel porte gravement atteinte au pays qui en est victime. Et ce n’est pas un problème national ou régional, mais global.
La contrefaçon d’objets de valeur culturelle ou historique en Bulgarie ne date pas d’hier, mais avec les progrès technologiques les faux augmentent en nombre et leurs vendeurs s’enhardissent.
« On ne peut pas bâtir une histoire sur des faux, les fausses pièces de monnaie et autres contrefaçons entachent la science », déclare le professeur Ilya Prokopov, expert mondial dans le domaine de la contrefaçon d’objets de valeur antiques et médiévaux qui a pris part à une rencontre sur ce sujet au Musée d’ethnographie de Sofia :
Nous sommes tristement célèbres avec la production d’une énorme quantité de faux et nous polluons le réseau mondial, la science et tout ce qui a trait au patrimoine antique. Le pire est que nous exportons des objets authentiques que nous ne pourrons jamais récupérer.
On ne prend pas de mesures pour stopper les filières de contrebande d’objets antiques découverts sur notre sol et on n’a aucune idée de l’importance des pertes occasionnées, souligne l’expert.
Le professeur Prokopov note qu’il y a très peu d’experts travaillant dans l’identification et la préservation d’objets du patrimoine culturel provenant de notre pays. Ils ne sont en outre pas soutenus par des agences ou autres institutions de l’État et travaillent sur des projets concrets et à titre bénévole. « Il ne s’agit pas uniquement de pertes financières et de questions morales et éthiques, mais de préserver notre mémoire matérielle », estime le professeur :
Une contrefaçon ne peut jamais avoir la qualité d’une pièce authentique. Nous ne pouvons pas reproduire fidèlement la technologie, l’époque est différente, avec une autre qualité de l’air, d’autres émanations de la terre, tout est différent. Mais pour déterminer ce qui est authentique et ce qui est une imitation, il faut l’aide de l’État ou d’une fondation importante.
Version française : Christo Popov
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