Au lendemain des élections législatives anticipées en Bulgarie, marquées par une légère hausse de la participation, comparée à celle de juin dernier, la situation est loin d’être apaisée et les configurations politiques pouvant aboutir à la formation d’un gouvernement restent toujours improbables…La seule chose dont on est sûr avant l’annonce officielle des résultats par la Commission électorale centrale /CEC/ est que, une fois de plus, GERB-UFD a remporté le scrutin et que ce de ce fait, la coalition s’est déclarée prête à faire tout le possible pour doter la Bulgarie d’un gouvernement.

Aux dires du politologue, Ivaylo Iliev, avant de procéder à l’acte, GERB-UFD devrait donner la réponse à quelques questions récurrentes :

"La première question est de savoir pourquoi a-t-il de nouveau fallu recourir à des élections vu qu’on évoque de nouveau une possible entente entre PlC-BD et GERB-UFD ? Question N°2 : peut-on envisager un "nouveau départ" pour GERB ou une majorité qui  pourrait être constituée avec PlC-BD, ce qui évitera de voter en force un nouveau gouvernement avec un premier ministre issu du parti gagnant, comme il a été déclaré lors de la campagne électorale. Pourrait-on enfin, dans le cadre des négociations qui s’annoncent d’ores et déjà laborieuses s’accorder sur des programmes de réformes, une législation anti-corruption, la désignation des autorités de régulations, etc. Bref, Boyko Borissov sera-t-il capable de s’arracher à sa dépendance d’autres personnes et c’est d’ici quelques jours que nous devrions avoir la réponse à cette question, faute de quoi le nouveau parlement finira mort né."

Et si l’avis d’Ivaylo Iliev est plutôt réaliste, celui de Tatiana Bouroudjiéva ne cache pas son scepticisme quant à un aboutissement positif des négociations entre les deux coalitions, celle de GERB-UFD et de PlC-BD :

"PlC-BD ont du mal à réaliser qu’ils deviennent de plus en plus "petits" face à GERB-UFD et que leur salut est entre les mains de leurs partenaires de "Démocrates pour une Bulgarie forte" et "Oui, Bulgarie". C’est justement cette incompréhension ou déni de réalité qui explique leur comportement inadéquat en tant que force politique. Car une conduite adéquate exigerait une prise de conscience de la place réelle qui lui a été dévolue par ses électeurs."

Et pourtant, un gouvernement pourrait être formé, selon Tatiana Bouroudjiéva :

"Deux options sont possibles, la première étant que "Poursuivons le changement" /PlC/ et surtout "Bulgarie démocratique"/BD/ se séparent et forment deux groupes parlementaires distincts. Dans ce cas, un gouvernement pourrait être formé par GERB-UFD avec BD, "Il y a un tel peuple" et même avec le PS. Ce sera un gouvernement technique avec une responsabilité politique clairement définie où chacun portera sa croix et assumera les choix de la gouvernance. La deuxième option pour GERB-UFD est de se tourner vers l’une des fractions du MDL qui a éclaté à la veille des élections. La bonne nouvelle est que le MDL ne pourra plus exercer le rôle de correctif dans la politique bulgare. Et puis, si l’on additionne les résultats des votes des deux fractions, ils les hissent à la deuxième place après GERB-UFD. "

Suite au dépouillement de 100% des bulletins de vote du décompte parallèle avec la prise en compte des votes des expatriés bulgares, l’Institut de sondage "Gallup International", partenaire de la Radio nationale bulgare, a annoncé que 9 formations politiques constitueront la 51^e législature de l’Assemblée nationale et c’est certainement pour la première fois qu’un parlement bulgare sera aussi fragmenté, comme indiqué par Yanitsa Pétkova de Gallup :

"Nous voici face à une nouvelle assemblée, constituée de 9 formations politiques. Pas mal de partenaires devront essayer de se regrouper afin de parvenir à une majorité, plus ou moins stable, l’avenir nous le montrera. Toujours est-il que les dispositions sont fortes pour entamer des négociations sur une gouvernance partagée et je me dis que les semaines à venir seront pour le moins intéressantes et riches en rebondissements... "

Edition: Yoann Kolev d'après des entretiens de RNB-Plovdiv et Radio Sofia