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La mission secrète du dirigeable L 59, ou comment la ville de Yambol est entrée dans l’histoire avec un record du monde

Photo: Musée régional d’Histoire-Yambol

Un matin froid de novembre 1917, en pleine Première guerre mondiale, le dirigeable L 59 décolle de la base de Yambol en direction de la Tanzanie avec pour mission de ravitailler des unités allemandes en munitions et équipements. Le dirigeable survole avec succès la mer Égée et la Méditerranée, puis le désert africain, à une vitesse atteignant les 103 km/h. Cependant, à l’approche de la ville soudanaise de Khartoum il est rappelé à sa base par le commandement allemand induit en erreur par de la désinformation diffusée par les Alliés. Au cours du vol les 23 membres de son équipage n’utilisent pas de cartes et se dirigent au jugé, sans contact avec Berlin la plupart du temps. En dépit de l’échec tactique, cette mission secrète entre dans la légende et reste dans l’histoire avec la durée record de son vol, près de 96 heures, et la distance franchie de plus de 6800 km.

Itinéraire du vol du L 59 de Yambol à Khartoum

Ces faits et bien d’autres sur le vol épique du L 59 et l’histoire des dirigeables sont présentés dans l’exposition multimédia « Le monde des dirigeables : Quand Yambol en faisait partie » au Musée régional d’Histoire de la ville. Elle se fonde sur le livre « Les dirigeables, créations majestueuses » du professeur Massimiliano Pinucci, designer et pilote amateur, qui est le conservateur de l’exposition. Les visiteurs peuvent notamment y voir une maquette du dirigeable L 59 à l’échelle 1:100.


Le professeur Pinucci raconte au micro de Radio Bulgarie qu’enfant il a appris l’histoire du L 59 d’un livre de sa grand-mère des années 30 et que ce jour-là il est tombé à jamais sous le charme des dirigeables. Après de longues années de recherche il publie son livre et organise une exposition sur les géants aériens du XXe siècle. L’exposition est montrée pour la première fois à Trieste en 2018. « L’an dernier j’ai visité Yambol et j’en suis tombé amoureux. C’est alors que j’ai mis pour la première fois le pied dans l’ancien hangar à dirigeables construit dans les environs de la ville », dit le professeur Panucci en ajoutant :

Massimiliano Pinucci

C’est alors qu’est née l’idée d’un projet qui utiliserait le contenu de l’exposition de 2018, mais remis à jour avec de nouveaux dessins et tableaux dans une section consacrée aux dirigeables de Yambol. Il y en avait trois pendant la Première guerre mondiale, mais nous mettons l’accent sur le L 59 et son vol légendaire. C’est un vol record qui dure plus de 95 heures sans escale ni ravitaillement et demeure pendant plus de 40 ans le vol le plus long d’un engin aérien !

Construction du hangar à dirigeables

Aux dires du professeur Pinucci ces 40 ans dans l’aviation représentent 400 ans dans la vie ordinaire, parce qu’en quatre décennies on passe des petits avions de bois et de toile à des avions qui atteignent Mach 1 à Mach 2. « La mission du L 59 est une de ces aventures romantiques qui d’une certaine manière nous enthousiasment quand on parle de ces sombres années de guerre », dit le professeur en ajoutant :


Parce que ce n’était pas une mission militaire, mais une mission de secours. Ce n’était pas une mission de bombardement, mais une mission de transport de chargement. C’est un peu comme si aujourd’hui on effectuait des livraisons à une station spatiale depuis Yambol en construisant pour ce faire une base militaire aérienne et une fusée géante qu’on enverrait dans l’espace cosmique.


Le succès sans précédent de ce vol du dirigeable L 59 amène des changements révolutionnaires dans l’ingénierie au début du XXe siècle :

Le vol du L 59 jusqu’au Soudan, aux frontières du Kenya, et retour correspond à la distance Yambol-Miami. Cela fait environ 6800 km, une distance impressionnante ! Ce n’est pas un hasard si ce vol a été scrupuleusement étudié par des managers et des entrepreneurs dans ce secteur qui examinaient la possibilité d’utiliser des dirigeables pour des vols transatlantiques de transport de voyageurs, conclut le professeur Massimiliano Pinucci.

L’exposition peut être vue au Musée régional d’Histoire de Yambol jusqu’au 28 février 2025 et à partir de mars on pourra la visiter au Musée national d’Histoire de Sofia.



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Photos : Musée régional d’Histoire-Yambol, Massimiliano Pinucci

Version française : Christo Popov




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