Il y a trois ans, la Russie envahissait l’Ukraine, remettant en question un des objectifs majeurs de l’UE : éviter un nouveau conflit sur le  Vieux continent. Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et son dialogue tendu avec l’UE, on assiste aussi aux premiers pas diplomatiques pour stopper le conflit. Cependant, malgré des rencontres comme celle entre le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Riyad et l’entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, certains analystes soulignent qu’il faut des garanties claires pour une paix juste et durable pour l’Ukraine et pour toute l’Europe.

Une paix juste en Ukraine est-elle possible, demandons-nous à la cantatrice de l’Opéra de Stara Zagora Anastasia Altoukhova, qui est née à Zaporijjia, dans l’est de l’Ukraine :

Pour moi la seule paix juste serait que la Russie se retire et retourne à ses frontières d’il y a trois ans. Je suis de l’est de l’Ukraine et les forces russes sont à 50 km de ma ville, la moitié de ma famille vit dans des villages avoisinants qui sont actuellement occupés. Si la Russie a l’intention de garder ces territoires, je ne considère pas cela comme une paix juste, parce que cela signifie que je ne pourrai plus jamais les revoir. Je n’irai pas en Russie, je n’ai pas de contacts avec ce pays.

Anastasia se souvient comment dans la première semaine de l’invasion sa mère et sa grand-mère sont chez des amis, n’imaginant pas que le conflit va s’approfondir. Elles arrivent ensuite à partir pour l’Allemagne où la tante d’Anastasia les aide à y commencer une nouvelle vie. La cantatrice confie qu’elle dédie à l’Ukraine chacune de ses performances à l’Opéra de Stara Zagora.

Je donne tout ce que je peux avec l’espoir que Dieu m’entende et apporte la paix à l’Ukraine. Je tiens à ce que les affiches précisent bien que je suis Ukrainienne pour que les gens sachent qu’ils viennent écouter une cantatrice ukrainienne. Je cherche à interpréter de la musique ukrainienne chaque fois que c’est possible pour que les gens sachent que dans le monde culturel il y a aussi l’Ukraine.

Quels seront les effets de la guerre en Ukraine dans la mémoire des futures générations ?

Le fait qu’il y a eu une guerre en Ukraine s’imprimera au niveau génétique des enfants qui grandissent là-bas à présent. Nous avons grandi avec les histoires de la Seconde guerre mondiale et la génération actuelle d’enfants vivra avec l’idée qu’elle a subi une guerre et s’en souviendra. Je ne pense pas que nous serons amis avec la Russie même dans 100 ou 200 ans.

La compatriote d’Anastasia Oksana Kharkiv était juriste à Kiev. Elle arrive en Bulgarie dès le début de la guerre, mais ne peut pas y exercer sa profession et elle est actuellement femme au foyer. Oksana est plutôt sceptique sur les tentatives de stopper le conflit militaire dans son pays et pense que les décisions qui seront prises ne seront probablement pas favorables aux Ukrainiens :

L’Ukraine n’était pas prête pour cette guerre. Notre gouvernement demande la paix à Poutine, mais je ne pense pas que l’Ukraine sera dans une position forte pendant les négociations. Et les citoyens ukrainiens ne sauront pas ce qu’a pu négocier notre pays, parce que la politique actuelle en Ukraine est presque entièrement opaque.

Photos: BGNES, archives personnelles,

Version française : Christo Popov