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Une nouvelle motion de censure ne fera que consolider le gouvernement minoritaire

Photo: BGNES

L’opposition s'apprête à déposer une troisième motion de censure du gouvernement après l’échec des deux précédentes. La première avait été initiée par "Renaissance" au motif d’échec de la politique étrangère du pays et la deuxième par "Sabre" au motif de corruption. Le problème pour la troisième est l’opposition parlementaire devient de plus en plus fragmentée et ne parvient pas à se mettre d’accord qui déposera la troisième motion et avec quel motif.

Le problème est que les trois partis qui ont soutenu les deux motions de censure précédentes – "Renaissance", "Sabre" et "Grandeur"  avaient un accord tacite de déposer les motions de censure chacun à son tour et la troisième devrait donc être déposée par "Grandeur" au motif des décharges sauvages dans le pays. Cependant "Renaissance" insiste à présent pour déposer sa propre motion au motif de la mauvaise politique financière du gouvernement.

Les leaders de Grandeur et Renaissance Ivelin Mihaylov et Kostadin Kostadinov

Ces dissensions au sein de l’opposition favorisent-elles une consolidation de la coalition dirigeante de GERB, le PS et "Il y a un tel peuple" ?

Selon la politologue Tatyana Bouroudjiéva la motion de censure est "un outil exceptionnel aux mains de l’opposition" :

Tatyana Bouroudjiéva

Cet outil est créé pour permettre à l’opposition de se faire connaître, pour qu’elle puisse se poser en alternative du gouvernement. Malheureusement, quand la motion de censure est utilisée à d’autres fins, elle ne peut pas apporter de résultats efficaces à l’opposition. Cela forme le sentiment que le sens et le rôle de la motion de censure sont détruits, parce qu’elle n’est pas utilisée pour présenter une alternative à des politiques concrètes du gouvernement.

"Quand un instrument comme la motion de censure est trop utilisé, il ne peut pas fonctionner", estime le politologue Strahil Déliiski :

Strahil Déliiski

Quant à savoir si cela aide le gouvernement à se consolider, je ne saurais le dire. Il n’a pas de grands concepts, de réformes stratégiques, de politiques publiques. Nous ne connaissons même pas des éléments basiques de leur programme de gouvernance. Par conséquent, quand nous avons un cabinet dont le programme est simplement d’exister, toute attaque contre cette cible peut être facilement repoussée.

Selon l’ancien porte-parole des gouvernements intérimaires du président Roumen Radev Anton Koutev le cabinet Jélyazkov ne tiendra pas longtemps, jusqu’à la fin de l’année au plus tard. Il précise toutefois qu’il n’existe pas actuellement de menace directe pour le cabinet.

"Il n’y a aucun danger pour la stabilité du gouvernement de la part du parlement", pense aussi le politologue et ancien eurodéputé Svétoslav Malinov. A ses dires faire tomber le gouvernement n’est pas le but de l’opposition :

Svétoslav Malinov

Mais chaque motion de censure permet de mener certains débats, d’attirer l’attention sur certains sujets ou certaines personnes. Parfois elle provoque des remaniements internes. Cependant, étant donné la division actuelle de l’opposition, la motion de censure comme outil se dévalorise, surtout si on y recourt trop souvent.

Le gouvernement pourrait-il aller au bout de son mandat ? Selon Malinov la première année sera décisive :

J’ai du mal à m’imaginer un mandat plein. La durée de vie de ce cabinet pourra être évaluée après notre adhésion à la zone euro. La longévité du cabinet ne dépend pas que de la force de l’opposition, mais parfois aussi des partis de la majorité.

Anton Koutev pense que le gouvernement tombera au second semestre de cette année :

Anton Koutev

Je pense que ce gouvernement tombera entre juillet et décembre pour que les dirigeants actuels gardent le pouvoir. S’ils décident de tenir jusqu’en 2026, ils risquent des élections doubles – une présidentielle et des législatives. A mon avis ils vont jeter l’éponge avant le Nouvel an pour que les législatives aient lieu cette année et qu’un éventuel gouvernement formé en février-mars puisse tenir jusqu’à la fin de 2026.

Strahil Déliiski estime que pour l’instant le gouvernement n’a rien à craindre, parce qu’aucune alternative politique réelle ne se profile à l’horizon.


Ivan Guergov

Version française et publication : Christo Popov

Photos :BGNES, BTA




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