Un peu plus de trois mois avant l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro le 1er janvier 2026, quand notre pays mettra fin à son Conseil monétaire et adoptera la monnaie unique européenne, on se met à parler de plus en plus en Bulgarie de déficit budgétaire croissant, de l’impossibilité d’accomplir le budget de l’État et d’éventuelles réformes fiscales à l’approche du premier budget de la Bulgarie libellé en euros.
Alors que les statistiques officielles sur le budget était optimistes jusqu’au début du mois de juin, quand ont été publiés les rapports de convergence de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, il s’est vite avéré par la suite que ces paramètres budgétaires n’étaient pas réalistes et que le déficit va probablement dépasser les 3% prévus. La raison principale est que les dépenses publiques sont bien trop élevées par rapport aux recettes.
Bien que le ministère des Finances soutienne toujours dans ses déclarations officielles que le budget 2025 est réalisable, le FMI semble être d’un autre avis et ses représentants ont recommandé la semaine dernière que l’impôt unique de 10% sur les revenus soit remplacé par un impôt progressif, que les cotisations retraite soient augmentées, que le taux plafond du revenu maximal de cotisation soit supprimé et que les dépenses pour les rémunérations dans la fonction publique soient réduites. Le gouvernement a déjà assuré à plusieurs reprises n’avoir aucune intention d’appliquer de telles politiques.
Est-ce que la seule solution possible pour résoudre les problèmes budgétaires est d’augmenter les impôts ? Réponse du banquier Lévon Hampartsoumian :
Le FMI fait de la gestion de crises. Nous avions un programme, quand on avait signé à l’époque les accords avec le FMI, et pour une certaine période à partir de 1997 nous avions l’obligation d’exécuter les instructions du FMI. Mais cela, c’est le passé et cela fait longtemps que nous ne sommes plus tenus de suivre leurs instructions à la lettre. Le gouvernement bulgare est un actionnaire du FMI et le FMI nous vient en aide avec des passages en revue de l’économie bulgare pour en identifier les risques. Ce ne sont pas des ordres ou des choses auxquelles nous devons strictement nous conformer, mais juste des aspects qui présentent selon eux des risques.
Les recommandations sont utiles en soi, mais doivent être considérées dans leur contexte :
Sortie de son contexte, chacune de ces recommandations peut être utile, mais peut aussi être nuisible. Par exemple, on augmente les impôts et on déverse de l’argent dans un système non réformé et peu efficace de fonctionnaires, dans des entreprises inefficaces et ainsi de suite. Les résultats seraient tout sauf bons.
En fin de compte la solution est à rechercher dans les réformes structurelles, comme le suggère d’ailleurs aussi le FMI, et non dans l’augmentation des impôts, estime Hampartsoumian. « L’augmentation automatique des dépenses publiques selon des formules fixes bloque non seulement le gouvernement actuel, mais aussi les gouvernements futurs, parce qu’on ne sait pas comment évolueront les processus économiques dans le monde. Il faut discuter davantage sur l’efficacité des dépenses », résume Hampartsoumian.
L’accroissement de la charge fiscale est une recommandation qui va complètement dans la mauvaise direction, pense l’économiste Gueorgui Vouldjev du Club d’experts en économie et politique :
Une modification du système fiscal ne résoudra pas en soi les problèmes fiscaux actuels. Un tel changement radical comporte même le risque de voir ces problèmes s’aggraver. Ces dernières années les problèmes du budget sont causés par la partie dépenses, pas par la partie recettes.
Il faut noter que les recettes formées par les impôts ont augmenté de 15% cette année et accusent leur montée la plus rapide au cours des quelques dernières années, souligne Vouldjev. Mais les trous budgétaires subsistent, surtout à cause des dépenses de plus en plus importantes dans le secteur public qui servent non pas à financer des investissements, mais à revaloriser les salaires dans certains secteurs. Gueorgui Vouldjev est également contre la recommandation du FMI de supprimer le plafond du revenu de cotisation maximal, parce que cela pourrait selon lui renforcer l’économie parallèle.
En fin de compte Lévon Hampartsoumian et Gueorgui Vouldjev, deux économistes souvent en désaccord sur certains sujets, surtout sur le passage à l’euro, affirment tous les deux que la crise budgétaire naissante sera résolue en améliorant l’efficacité des dépenses publiques et non pas en augmentant les impôts.
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Ivan Guergov
Version française et publication : Christo Popov
Photos : TV publique, BTA, Ivan Rouslanov - RNB
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