C’est une belle coïncidence que d’évoquer en ce Jour de la vigne et du vigneron (saint Tryphon) le classement de la Bulgarie dans les 10 meilleures destinations du monde pour l’œnotourisme et le tourisme gastronomique. C’est la très prestigieuse revue américaine spécialisée Wine Enthusiast qui range notre pays parmi les plus grands, aux côtés de la France, l’Italie et l’Espagne et avec la Nouvelle Zélande, l’Argentine et les Etats-Unis. Ce sont les journalistes et œnologues de grande renommée Mike De Simone et Jeff Jenssen, qui ont donné cette note à la Bulgarie. Ils ont visité nombre de vignobles, caves et sites historiques pour la première fois il y a deux ans, à l’invitation de la Chambre vitivinicole bulgare. Ils ont aussi fait partie du jury du Concours Mondial de Bruxelles qui s’est déroulé à Plovdiv en 2016.

Les deux journalistes ont hautement évalué l’organisation des domaines vinicoles et des caves qui sont très bien équipés avec des technologies modernes permettant la réalisation d’excellents vins et offrant un environnement de dégustation agréable. Ils encouragent les producteurs bulgares de développer les sortes locales comme le Mavrud dont le corps tanisé se marie bien avec des cépages internationaux  comme le cabernet sauvignon, la sira ou le merlo. Ils notent aussi l’originalité du rubin, du misket et du dimiat.

Le jour de la fête du vin on a voulu en savoir plus sur l’état des lieux du secteur vinicole en Bulgarie qui compte 204 compagnies de production. Nous en avons parlé avec l’œnologue Adriana Srebrinova.

„Lorsqu’on parle de vin, on se réfère en fait à un long processus, à commencer par le terroir. En Bulgarie, nous avons une grande diversité géographique, comme par exemple en Bulgarie du Nord autour de Bélogradchik où les sols sont formés d’une roche âgée de 240 millions d’années, contenant une grande quantité de minéraux et de substances nutritives. C’est ce milieu naturel qui donne le caractère spécifique du raisin et du vin. Dans cette région, il n’y a plus d’industrie, ce qui affecte durement la population sur le plan de l’emploi. En revanche, c’est très positif pour le secteur vinicole et l’agriculture en général, car les sols sont propres et l’air pur. Je pense que les vins de cette région sont uniques, on les reconnait à leur aspect gustatif vif et joyeux. Tout cela c’est la magie de la nature“. 

En 2016 la Bulgarie a produit environ 160 millions de litres de vin à partir de cépages importés et locaux. Quelle est la spécificité des cépages autochtones et plaisent-ils aux amateurs de vin ?

„La majorité des cépages utilisés sont des hybrides, surtout dans les rouges. Ce sont des variétés qu’on a cherché à améliorer au long des décennies. En Bulgarie du nord, les cépages autochtones hybrides sont le rubin, la gamza du Danube ou le buket. Ces cépages s’adaptent parfaitement au climat du nord-ouest, tout comme certains cépages internationaux. Mais le plus important c’est de travailler sur nos cépages locaux, de développer leurs qualités et leur fond génétique pour montrer au monde qu’ils peuvent faire digne concurrence aux cépages français nobles“.