La Nuit de Noël est la célébration bulgare de l’humilité, la gratitude et l’espoir. Quelle que soit l’année que nous avons vécue, année de bonheurs ou de déchirements, le mois de décembre arrive toujours avec son enchaînement de fêtes et réjouissances, qui nous entraînent presque malgré nous dans un tourbillon de guirlandes et de cadeaux dont on a du mal à s’extirper…Tout le monde pense Noël, tout le monde parle Noël, et tout le monde prépare soigneusement le Réveillon de la Nativité du Christ, dans le strict respect des rites chrétiens et des coutumes familiales…
La Bulgarie adopte le christianisme au IXe siècle et tout son calendrier religieux et folklorique se trouve en quelque sorte bouleversé. Bouleversé, mais aussi avec une nette tendance à trouver les points de touche et la communauté des symboles, des us et des coutumes. Depuis la nuit des temps, les Bulgares attachent une importance particulière aux fêtes de fin d’année, surtout celle de la Nativité de Jésus-Christ, qui sublime leur appartenance chrétienne et qu’ils savent décoder dans le ciel, à l’approche du solstice d’hiver. Nos anciens disaient à ce propos que dans la nuit du Réveillon de Noël, le ciel s’ouvrait, les frontières s’estompaient progressivement pour laisser s’installer une période de transition, un véritable entre-deux, animé par la foi en les forces du bien et le respect des règles de bienséance censées rétablir l’harmonie sur terre…
Mais bien avant la conversion des Bulgares au christianisme, le calendrier populaire de nos anciens célébrait quand même la naissance du Christ, dénomme « Jeune Dieu ».
Voici ce qu’écrit le grand ethnographe bulgare Dimitar Marinov, qui explore et transcrit des chants traditionnels et des us et coutumes des Bulgares d’après la libération :
Le dîner est terminé et la table est débarrassée. Après les agapes, la nuit tombe et le silence s’établit. Le maître de maison fait un tour dans la cour et à l’étable pour s’assurer que le bétail va bien, alors que les femmes ont installé au milieu de la table un pain en couronne et un pichet de vin.
Signe que les invités sont les bienvenus…Et ces invités ne sont autres que les chanteurs de Noël, qui annoncent leur arrivé à coup de fusil dans l’air. S’il vit dans la maison une jeune fille à marier, elle est réveillée et habillée de ses plus beaux atours, car elle trouvera certainement l’élu de son cœur parmi les chanteurs de Noël…
Le chef des chanteurs de Noël joue un rôle particulier. Figure de proue, il est considéré comme le messager des dieux et un représentant des forces surnaturelles. Ce n’est pas par hasard, que dans la nuit de Noël, c’est dans sa maison que les chanteurs se donnent rendez-vous en lui récitant quelques vers de bénédiction
Levez-vous, mon bon Monsieur !
C’est le bon Dieu qui s’invite dans nos maisons
Le bon Dieu et ses anges
Veuillez les accueillir comme il se doit
Les accueillir, mais aussi les nourrir…
Le chef des chanteurs offre du vin et des friandises à ses compagnons, avec lesquels il fera par la suite le tour du village. Puis, il divise les chanteurs en plusieurs groupes, pour se répartir la tâche, surtout si le village est grand et qu’il y a beaucoup de maisons à visiter. Bien évidemment, chaque jeune homme cherche à se retrouver dans le groupe qui se rendra dans la maison de sa bien-aimée. Sinion, chaque chanteur de Noël porte une branche de cornouiller, décorée de verdure, pommes, laine rouge et pièces de monnaie. Et la ronde des chanteurs commence à minuit et se termine à l’aube, avant le lever du soleil, car c’est l’heure des vampires et autres créatures maléfiques, que les formules incantatoires des chanteurs de Noël sont censés éloigner des vivants, surtout dans la nuit de la Nativité. Le chef des chanteurs de Noël bénit chaque maison tournée vers l’Est, et formule des vœux de santé, réussite et prospérité pour chaque membre de la famille.
D’après les scientifiques, il s’agit d’une pratique ancestrale d’initiation des hommes, car mis à part le chef des chanteurs de Noël, tous ses autres compagnons sont des hommes à l’âge de convoler ou qui viennent tout juste de se marier. La coutume serait aussi en rapport avec l’au-delà, car de nombreux chants de Noël décrivent le long chemin, d’Ouest vers l’Est, que suivent les chanteurs et qui dans le folklore des Bulgares indique le mouvement de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière ...
Certains chanteurs de Noël se déguisent en vieillards ou en femmes âgées qui exécutent une danse rituelle en esquissant des gestes saccadés. Il y a aussi de jeunes garçons qui ferment la marche des danseurs et qui portent les offrandes des familles sur la route des chanteurs de Noël.
A Noël, personne ne travaille, tout le monde se rend à l’église pour la grande messe de la Nativité. Puis les jeunes hommes et les jeunes filles se donnent rendez-vous sur la place du village et s’échangent des cadeaux. La cérémonie se termine, comme elle a commencé, dans la maison du chef des chanteurs de Noël, autour d’un grand festin, arrosé du vin de Noël, dans une ambiance de liesse populaire om fusent de toutes parts des rires, mais aussi des vœux de santé, réussite et d’abondance.
Photos : BGNES
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