Comment les expatriés bulgares célèbrent Noël en parcourant parfois beaucoup de kilomètres afin de rejoindre un lieu de culte orthodoxe ? Des communautés ecclésiales bulgares existent partout en Europe et en Amérique grâce à l’initiative des fidèles. En France, la Communauté orthodoxe bulgare "Saint Patriarche Euthyme de Tarnovo" à Paris a été fondée en 1981 par 67 Bulgares qui se sont réunis à l’église russe "Sainte Trinité". La bénédiction pour la nouvelle paroisse a été accordée par le métropolite Siméon (à l’époque évêque principal et vicaire du patriarche bulgare pour l’Europe occidentale). Initialement desservie mensuellement par un prêtre bulgare de Bruxelles, elle s’est dotée en 1985 de son propre prêtre paroissial. Le père Pétar Siméonov qui est au service de la commune parisienne jusqu’en 2002, est en charge de toute la communauté orthodoxe bulgare en France. Deux autres communes ecclésiastiques ont été créés depuis : à Strasbourg et à Lyon desservies également par le père Pétar qui a concentré ses efforts sur ces nouvelles paroisses dès 2002 quand un nouveau prêtre a été envoyé à Paris. Un peu plus tard, une autre commune a été fondée Lille qui d’après le prêtre connaît un essor. En ce moment, les préparatifs pour la Nativité du Christ y battent son plein :

"J’ai été agréablement surpris de l’application des professeurs de l’école bulgare", indique le père Pétar Siméonov dans une interview accordée à Radio Bulgarie. "J’ai même assisté à la fabrication de sourvatchki (des branches de cornouiller décorées – N.d.T.) On était à peu près 250-300 personnes de différentes écoles et associations. La mairie de Lille nous avait accordé une grande salle. Il y avait des ateliers de sourvatchki et d’autres éléments de décoration qui créent une ambiance de Noël. Enfin, nous avons fini par charmer le public avec nos danses bulgares. J’y suis resté 5-6 heures en causant avec les enfants, avec des Français, des personnes d’autres confessions. Je parle volontiers avec tout le monde. Je ne veux pas me vanter, seulement évoquer la Grâce divine qui me permet de rencontrer des gens fascinants et m’enrichir me motivant de faire du bien selon mes modestes forces."

Pour permettre à plus de monde d’y participer, les services de Noël ont commencé dès le 22 décembre avec des Matines à Lyon. Une liturgie divine sera célébrée le 24 décembre à Grenoble. Dans la soirée, le père Pétar retournera à Lyon où il sera à la disposition des fidèles. Tous ceux qui sont seuls et n’ont personne avec qui partager la joie de la Nativité ou sont en situation de précarité, sont invité à le rejoindre. Une liturgie sera célébrée à Lyon dans la matinée du 25 décembre. Le prêtre partage tout le calendrier sur Facebook.

"Tout le monde est le bienvenu", déclare-t-il. "Il faut aller vers les fidèles de la commune. Nous sommes d’habitude entre 15 et 40 personnes à nous réunir le dimanche. Bien-sûr, il y plus de monde à Noël, environ 60-80 personnes. Pour nous, les préparatifs sont très différents de ceux qui ont lieu en Bulgarie. Nous devons trouver nous-mêmes les moyens et la façon de rester en contact sur Internet, par téléphone, en nous invitant à rejoindre la communauté. C’est la mission de l’Eglise. Personne n’est obligé de venir. Les cloches se mettent en branle, celui qui les entendra se dirigera vers la maison de Dieu. Peu nombreux sont ceux qui entendent le carillon. Dieu soit loué, il paraît qu’on se réveille même en France, un pays laïc. On parle souvent de laïcité, d’athéisme. Certes, la France n’est pas un pays religieux au même titre que l’Italie ou l’Espagne, il y a cependant de l’estime pour l’institution dans une perspective culturelle," fait observer le prêtre bulgare.

A la fin de notre conversation, il nous a souhaité de rechercher ce qui peut nous inspirer et motiver et de garder la présence d'esprit quoi qu’il arrive.

"Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde", dit-il en citant l’évangile. "Vivons la Nativité de manière pleine, nos vœux et nos prières allant à tous nos concitoyens en Bulgarie et dans le monde, en remerciant Dieu de Sa grande miséricorde et essayons d’être utiles à tout le monde dans la mesure de nos modestes moyens. Ouvrons nos cœurs et laissons le Christ renaître en nos âmes."

Version française : Maria Stoeva

Crédit photos : archives personnelles