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DAMORE, un documentaire qui explore les rituels du passé

Nicola Zambelli et Maria Makedonska
Photo: ОКО

Voilà un coup de théâtre, s’exclame-t-on quand on tombe sur une histoire aux rebondissements inattendus. Et pourtant ce sont les arts du spectacle et surtout le cinéma qui est susceptible d’aider une personne en dépendance du numérique pour qui leso mondes magiques des livres semblent fermés, gardés dans les armoires, à jeter un nouveau regard au passé et retrouver son lien avec ses ancêtres.


Conçu comme un voyage de retrouvailles d’une fille avec son père, le documentaire DAMORE du réalisateur Nicola Zambelli et l’écrivaine Maria Makedonska essaie de recréer le lien d’une personne avec ses racines en présentant une des nombreuses pratiques rituelles en Bulgarie : la prière pour la pluie qui sert à conjurer la sécheresse et sauver la récolte. Ce rite porte différents noms en fonction de la région où il est célébré : Guerman, "papillon", etc. :

"D’après les croyances, Guerman est une vraie personne qui est décédée et les femmes croyantes doivent fabriquer une poupée qui symbolisait cet homme pour ensuite le pleurer. Cela se fait près d’une rivière. Elles espèrent ainsi invoquer la pluie et l’abondance de la récolte qui se sont évanouies après sa mort", relate Maria.


Le narratif cinématographique comporte aussi des couches d’interprétation moins évidentes :

"Nous essayons d’aborder le sujet de la nourriture spirituelle que ce rituel apporte. Redonner la jeunesse à travers l’image d’une jeune fille qui vient de la forêt et cinq femmes d’un village situé au pied de la Stara Planina qui s’occupent d’elle comme si elles s’occupaient de leur propre jeunesse. Quand elle s’en va de nouveau vers la forêt, on voit le cercle de la vie : l’enfance, la jeunesse et la vieillesse", explique Maria Makedonska dans une interview accordée à Radio Bulgarie en ajoutant que le rituel de connexion d’une personne à l’autrui a également été évoqué dans le film : "Nous voulions montrer les étapes de la vie d’une personne toujours en lien avec les autres. Au début, nous sommes des enfants dont on prend soin, la vie est alors insoucieuse, mais vient un moment où elle se remplit de responsabilités, de soucis, qui arrive après le mariage. Les femmes nous ont fait part d’un rituel où l’on met des vêtements sur une chaise qu’on élève vers le ciel. C’est un rituel funéraire que nous n’avons pas utilisé dans le film. Nous étions quand-même à la recherche du lien entre la vie et la mort et tout le vécu, nous avons montré une tenue de mariage comme une étape importante de la vie."


Les rituels bulgares ont "envoûté" également l’Italien Nicola Zambelli qui est venu pour la première fois en Bulgarie il y a 20 ans et depuis, il y retourne plusieurs fois pour travailler sur différents projets cinématographiques. Un de ces projets lui permet de passer 2 mois à Pernik où il tourne un film consacré aux changements qu’a subi cette ville après 1989 et la chute du régime communiste. Il a rencontré Maria grâce à l’initiative "Résidence Baba" qui met des jeunes en contacts avec des personnes âgées de villages à travers le pays en contribuant au renouveau des communautés. En parlant avec les séniors, les jeunes ont l’occasion d’apprendre davantage sur leur quotidien, les traditions et les visions du monde. Dans un bulgare très sympathique, Nicola Zambelli nous a relaté son expérience du village de Pavoltché situé au Nord-Ouest de la Bulgarie quand il était en quête de pratiques rituelles reléguées aux oubliettes : 


"Résidence Baba" m’a permis de retourner et de continuer notre exploration des villages dans le Nord de la Bulgarie et leurs rituels qui s’effacent progressivement. Nous voulions non seulement filmer les gens qui nous les ont décrits mais aussi faire quelque chose ensemble avec eux. Nous notions leurs histoires, les chants qu’ils chantent et ensuite écrivions quelque chose que nous leur laissions en souvenir : un poème ou une prière car l’art, à mon avis, est lié à la prière. Je crois que quand on écrit un récit, il a le pouvoir de changer le monde."

Version française : Maria Stoéva

Photos: ОКО - International Ethnographic Film Festival, archives personnelles, Facebook /Nicola Zambelli I Filmmaker, RésidenceBaba




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